Voir des personnes atteintes de troubles mentaux arpenter les rues fait partie du folklore à Antananarivo. Un projet de loi devrait bientôt passer en Conseil des ministres et devant le Parlement pour la prise en charge et le respect des droits de ces individus en général.
« La question de la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux qui déambulent dans les quartiers revient souvent lorsque nous rencontrons les autorités, indique le responsable d’un fokontany. Ce que nous faisons c’est de contacter la famille tout d’abord. Mais lorsque le ou la concerné n’a personne nous appelons les pompiers ou le Bureau municipal de l’hygiène (BMH) ».
Dans la réalité, la ville d’Antananarivo compte plusieurs personnes visiblement troublées. La plupart sont connus de tous. Pour le chef de service de la santé mentale au sein du ministère de la Santé publique, Dr Hanitra Randriantsara, ce n’est pas normal de les voir arpenter les rues. « Elles représentent un danger non seulement pour elles mais aussi pour les autres. Le problème c’est qu’à Madagascar, la santé mentale est un secteur délaissé », déplore-t-elle.
Des agents communautaires à former
C’est dans ce sens qu’un projet de loi a été élaboré pour une meilleure prise en charge de ces personnes et pour le respect de leurs droits. « Il devrait y avoir des agents communautaires dans les fokontany qui identifient ces personnes et qui les emmènent au niveau des centres de santé de base pour une prise en charge. La réalité, c’est que très peu de chef de santé de base sont formés dans ce sens », indique-t-elle, en soulignant que 80% des troubles mentaux peuvent être facilement soignés, à condition que la prise en charge soit précoce.
D’après une enquête datant du début des années 2000 - la seule enquête sur le sujet jusqu’à maintenant , 47% des tananariviens souffrent de troubles mentaux à divers degrés. « Il faut comprendre par cela le stress lié à l’environnement social, la dépression, … La hausse des tentatives de suicide est un autre indicateur », explique Dr Hanitra Randriantsara, qui craint que la pauvreté chronique et la crise sanitaire actuelle n’accentue la prévalence.