Le Président a soufflé le chaud et le froid dans son allocution hier. Si la plupart des Tananariviens ont bien accueilli le déconfinement progressif, la poursuite de la suspension des transports en commun a sonné comme une douche froide.
« J’habite à Ilafy. Je dois me rendre au stationnement Maki à Andohatapenaka pour réceptionner du matériel », indique Ra-Charles, artisan indépendant, au niveau d’Ambatomainty vers 10h du matin. Il prévoit de faire le chemin du retour toujours à pied, le taxi étant tout simplement utopique. Si ce trajet est exceptionnel pour lui, Ra-Charles doit quand même faire quelques kilomètres à pied pour se rendre à l’atelier où il travaille la plupart du temps, à Ambohitrarahaba. « C’est difficile sans les taxibe mais on n’y peut rien », lance-t-il en se remettant en route.
Un prix à payer
Comme Ra-Charles, beaucoup de Tananariviens arpentent les trottoirs de la capitale faute de transport en commun. Si les mesures prévoient une obligation pour les employeurs de prendre en charge le transport, il faut savoir que bon nombre de Malgaches évoluent dans l’informel - environ 80 % selon le rapport de l’Instat - et plusieurs travaillent à leur propre compte. Et même pour ceux qui travaillent pour un employeur, nombreux doivent se débrouiller pour se rendre sur leur lieu de travail. Une vendeuse dans un centre commercial à Analakely qui habite à Itaosy a dû faire le trajet à pied lorsque la double-montée était encore interdite. Maintenant, c’est son mari qui l’emmène au travail.
Pour les employeurs qui respectent la loi, c’est tout aussi délicat avec l’obligation de faire appel à la location. Pour les PME où la trésorerie fonctionne en flux tendu, c’est encore plus difficile. Mitantsoa Randrianarivony, à la tête d’une PME, paie le carburant à ses employés, depuis l’ouverture des activités il y a deux semaines. « Mes collaborateurs ont soit des scooters soit des vélos. Cette charge supplémentaire me coûte 50.000 ariary par semaine », indique-t-il. Même pour les fonctionnaires, la situation est encore floue, du moins pour ce premier jour de la reprise. Pour deux ministères interrogés, aucune disposition n’a encore été annoncée.  Â