COVID-19 : Tous ensemble face au virus

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©Association Mikea Forest
L’existence de l’école a changé la vie des Mikea.

Mikea d’Ankindranoke : Les oubliés de la crise sanitaire

D’après les chiffres du CCO, près de 150 cas positifs de coronavirus ont été enregistrés dans la région Atsimo Andrefana, depuis le 19 mars 2020. Dans presque tout Madagascar, personne n’est à l’abri des contaminations. Pourtant, il y a des communautés telles que les Mikea qui sont livrées à elles-mêmes.

Il ne resterait plus que quelques 400 Mikea répartis dans trois villages à Madagascar. L’un de ces derniers se trouve dans le Fokontany d’Ankindranoke, dans la commune rurale de Befandefa, région Atsimo Andrefana. L’installation de 17 femmes, 18 hommes et 46 enfants Mikea dans ce village qu’ils ont baptisé Ambolofoty est assez récent. Pour fuir les conflits et l’insécurité à Bedo, leur ancien village, ils ont migré vers l’ouest comme il est de coutume dans leur communauté. 

Accès à l’eau limité

L’accès à l’eau est l’une des plus grandes difficultés auxquelles est confronté ce peuple. L’approvisionnement de cette ressource se fait tous les deux jours grâce à une charrette tirée par des zébus. Emmanuelle Razafindrakoto vient d’Antananarivo. Elle a été engagée par une association pour y créer une école pour les enfants Mikea. Tombée amoureuse de ce peuple, et d’un homme qui en est issu, elle y a fondé une famille. Selon elle, la gestion de l’eau n’est pas une mince à faire. « Notre priorité est d’abord la cuisson des repas pour les élèves. Une petite partie est ensuite distribuée aux adultes. Bien sûr nous en buvons, mais avec modération. On ne peut se doucher que tous les 4 ou 5 jours, et pour laver nos linges, on doit se déplacer vers le point d’eau une fois par semaine. Après avoir mangé le midi, on couvre juste la vaisselle sans les laver et on la réutilise le soir », témoigne-t-elle avec un sourire mal à l’aise. L’eau est pourtant indispensable dans la lutte contre le coronavirus.  

En général, les habitants d’Ankindranoke ont entendu parler de ce virus mortel même s’ils lui attribuent des noms surprenants : korovinis pour Manarasoa, kaviris pour Pelane, kivirus pour Vavale et toronavirus pour Zepiny. Toutefois, ils sont unanimes, il leur est quasiment impossible de respecter les mesures barrières.

Manque de moyens

Tsivahora enseigne la culture Mikea dans l’école des Mikea. D’après lui, le président du Fokontany, passe trois à quatre fois par mois pour les sensibiliser mais cela a peu d’impact. « Lorsqu’il passe nous voir, le président n’emmène pas de masques, ni de savons avec lui. Il ne fait que nous sensibiliser. Nous ne faisons donc qu’accepter puisqu’on n’a ni l’un, ni l’autre. Pourtant, nous avons peur de cette maladie. La seule chose qu’on peut faire, c’est rester isolés dans la forêt et ne recevoir aucun visiteur », raconte-t-il.

Ces produits représentent, en effet, un luxe pour ces personnes qui vivent de chasse et de cueillette. Habitués aux échanges, les Mikea n’utilisent l’argent que pour acheter du tabac ou du poisson auprès des ethnies voisines. A cause de la crise, le prix du kilo de ce dernier est monté à 500 ariary. Une somme qui représente un coût pour cette communauté. Ils ont donc également besoin de nourriture, mais jusqu’ici, aucune aide sociale de l’Etat ne leur est parvenue.      

A part le président du Fokontany, les responsables de cette école des enfants Mikea représentent aussi des sources d’informations pour les villageois. D’ailleurs, les élèves connaissent par cœur les mesures barrières.

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