Déshabiller Paul pour habiller Pierre. Cette expression trouve toute son essence surtout quand on est surendetté. Mais la dette ne se limite pas uniquement à un champ familial, amical ou professionnel, l’Etat est également concerné car tous les ans, il règle et contracte en même temps ce qu’on appelle, une « dette publique ».
La dette publique, c’est quoi ?
D’une manière générale, la dette publique peut être définie comme l’ensemble des engagements de l’Etat auprès des bailleurs nationaux ou internationaux, pour financer la réalisation de ses politiques ou projets de développement. Selon l’économiste et coordonnateur national du Crem (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar), Ramarofeno Andrianantenaina, « la plupart des Etats financent une partie de leurs projets par leurs propres ressources, et compensent le déficit ainsi constaté par des ressources extérieures. C’est ce qui augmente la dette publique ».
Quid des conséquences ?
« S’il s’agit de la dette intérieure, l’Etat peut régler cela en procédant à la création monétaire. Mais cela va entraîner une grande inflation. Et s’il s’agit d’une dette extérieure, l’Etat doit mettre en place une politique d’austérité par laquelle il va faire le minimum de dépenses publiques et le maximum de taux de pression fiscale », indique cet économiste.
Dette publique, le FMI et la Banque Mondiale
Souvent les avis divergent sur l’appui de ces institutions de Bretton Woods. Mais quand on est un pays surendetté, le recours aux aides du FMI (Fonds Monétaire International) et de la Banque Mondiale est-il impératif ? Selon Ramarofeno Andrianantenaina, si on est « obligé » de s’endetter, il est préférable de l’effectuer auprès de ces institutions car elles ont un faible taux d’intérêt. Bémol ! « Le FMI et la Banque Mondiale ont leurs propres orientations sur la ligne budgétaire, sur les politiques de développement, donc, si l’Etat souhaite recevoir leurs aides, il faut accepter, respecter et suivre leurs conditionnalités », informe-t-il. Â
Sommes-nous condamnés à nous endetter interminablement ?
Selon le coordonnateur national du Crem, aucun pays n’a jamais réussi son développement en augmentant le taux de pression fiscale ou en optimisant l’imposition. Pour ce cercle, il faut encourager la création monétaire et mettre en place une banque de développement. « Cela va attirer plus d’investisseurs, et cela aura moins de conditionnalités », souligne-t-il. « Ce qu’il faut faire », poursuit-il, « c’est élaborer au préalable des politiques de développement claires, et chercher par la suite, les moyens de les financer. Mais on ne peut pas sortir de l’endettement ».
Notons qu’en 2019, la dette publique de Madagascar était à environ 30%. Cette année, l’économie est à terre à cause du coronavirus. Dans le rapport du Conseil des ministres en date du 12 août, le ministère de l’Economie et des Finances a promis une année 2021 d’essor économique.  A suivre.