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©Studio Sifaka
Il y a beaucoup de clichés qui perdurent concernant les femmes au volant.

Les femmes au volant face à l’agressivité des hommes

La circulation dans les grandes villes à Madagascar est assez intense. Chacun fait un peu ce que bon lui semble, souvent à la limite du code de la route. D’une manière générale, les conductrices subissent en quelque sorte l’agressivité de leurs congénères masculins au volant. Devant une prudence jugée excessive par la gent masculine, il n’est pas rare que des femmes soient assénées de nom d’oiseaux et de remarques désobligeants au niveau d’un carrefour ou en se garant.

« Lorsque je vois une femme, je la laisse passer parce que les femmes sont facilement impressionnables. Elles paniquent pour un rien, je préfère ne pas en rajouter », lance un chauffeur de taxi de la capitale, un brin moqueur. Un livreur pour sa part préfère utiliser le mot prudence pour qualifier la conduite des femmes. « Disons qu’elles sont plus prudentes », indique-t-il, mais toujours avec un sourire qui en dit long sur le calvaire des femmes au volant. Un père de famille, de son côté, met l’accent sur le comportement des hommes. « Je ne pense pas que les femmes soient moins aptes que les hommes. C’est juste que les hommes sont plus agressifs au volant », déclare-t-il. Cette agressivité est justement ce qu’appréhendent certaines femmes. « Je prends rarement le volant en ville. Non seulement, il y a trop de voitures mais les conducteurs sont de vrais sauvages », se plaint une femme, qui préfère laisser le volant à son mari ou à son fils. Une autre indique ne pas supporter se faire klaxonner au moindre ralentissement. « Une fois, j’ai ralenti à un passage pour piétons. Le gars derrière ne s’est pas gêné pour me klaxonner ».

Autonomisation

Les femmes sont cependant de plus en plus nombreuses à prendre le volant bien que le nombre est encore largement en-deçà des hommes. « Nous avons environ 25% de femmes actuellement », lance une responsable dans une auto-école d’Antananarivo, qui déclare que les femmes affluent depuis quelques années. « Savoir conduire est un atout considérable pour chercher du travail », fait remarquer Dr Hanta Andrianasy, chargée de programme au sein de la Fondation Friedrich Ebert. Elle explique également que c’est une question de mobilité. La philosophe français contemporaine Sophie Roux estime justement que l’augmentation du nombre de femmes ayant un permis peut être attribuée à la poursuite du mouvement d’émancipation et d’autonomisation des femmes, notamment grâce à leur participation au monde du travail. 

Mais cela n’enlève en rien les difficultés auxquelles la gent féminine fait face une fois au volant. C’est dans ce sens que l’association Vehivavy Tia Fiarakodia (VTF) (littéralement Femmes passionnées de voitures) a vu le jour, il y a un an. Ony Fy Ralambo, la présidente et fondatrice explique qu’il s’agit d’une plateforme où les femmes peuvent partager leur expérience. « Nous organisons justement des séances de perfectionnement de conduite », explique-t-elle. En un an, l’association a permis à 67 femmes de mieux appréhender le volant. « Elles ont le permis mais elles ont peur. Nous leur apprenons à se maitriser au volant et à adopter les bons gestes ». Outre la conduite, VTF propose également des formations de mécanique de base. « L’idée est que les femmes n’appellent plus leur mari ou quelqu’un pour changer les roues », conclut-elle.

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