Alors que l’année scolaire s’est vue amputée de 5 mois à cause de l’épidémie de covid-19, des questions se posent sur la prochaine rentrée. Bien qu’il semble visiblement affaibli, le virus sévit toujours, suscitant l’inquiétude des parents et constituant un casse-tête pour les autorités.
Pour le conseiller principal en éducation de l’Unicef, Nicolas Reuge, la réouverture des écoles représente une nécessité. « D’un point de vue éducatif, il faut rouvrir les écoles. Les conséquences, à moyen et long terme, risquent d’être dévastatrices », a-t-il soutenu, lors d’un webinaire organisé par le Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale sur le thème « Quelles leçons tirer de la pandémie de covid-19 ? » Il a attiré l’attention sur l’importance du risque d’abandon pour de nombreux enfants en ajoutant qu’en plus de l’éducation, l’école sert de plateforme pour d’autres services comme la santé ou encore la nutrition. Il a ajouté qu’une recrudescence de grossesses non désirées a également été observée.
Rassurer les parents
La spécialiste de l’éducation à l’Unicef Madagascar Andrea Clemons est du même avis en indiquant que, pour le cas de la Grande île, il y a eu une augmentation des appels sur les lignes vertes pour des violences physiques, émotionnelles et sexuelles. Selon elle, l’ouverture et la fermeture des écoles a eu un effet psychologique sur les principaux concernés, les parents et les enfants. D’après elle, le nombre d’élèves affectés par la situation s’élève à environ 7 millions en tout à Madagascar avec, en parallèle, 244.000 enseignants. Elle signale toutefois qu’il faut une forte stratégie de communication pour toucher les parents et les communautés afin de les convaincre et de les rassurer que leurs enfants sont en sécurité. Sur ce point, Nicolas Reuge prône l’importance de la mise en place de protocoles sanitaires pour l’ouverture des écoles. Il a lancé que cela devrait être discuté au niveau national dans le but de mettre en place des mesures réalistes, c’est-à -dire qui tiennent compte des réalités, que ce soit en terme de distanciation sociale ou d’hygiène.
Du jamais vu
Dans ce sens, Andrea Clemons déplore une situation sanitaire alarmante dans les écoles à Madagascar avec seulement 12% équipées de toilettes et moins de 50% ayant accès à l’eau. Elle salue toutefois la décision du gouvernement de laisser aux régions le soin de décider localement de l’ouverture des écoles pour laisser le temps aux directions régionales de mettre en place les mesures nécessaires. « Cela mérite une réflexion, a-t-elle déclaré. C’est un apprentissage en continu cette année et l’année prochaine ». Nicolas Reuge et Andrea Clemons admettent que cette crise relève du jamais vu et que même les systèmes occidentaux ont eu du mal avec la situation. « Il faut accepter la possibilité d’échecs éventuels », a lancé Andrea Clemons.