Madagascar figure parmi les pays où le taux de fécondité des jeunes filles de 15 à 19 ans est des plus élevé avec 151/1000 en 2018 sachant que la moyenne mondiale est de 44/1000 en 2017. La même étude menée en 2018 a, par ailleurs, révélé que 40% des femmes de 20 à 24 ans se sont mariées avant 18 ans.
Les mœurs ne sont pas les mêmes à Madagascar en ce qui concerne l’éducation sexuelle des jeunes au sein des familles. Il y a une grande différence entre urbains et ruraux, d’après Jean Christian Razafiarison, consultant en appui au programme adolescent et jeune, VIH et SIDA au sein du FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la population). « Les ménages en milieu rural sont traditionnalistes. Il existe, par exemple, des zones où les jeunes filles sont écartées de leur famille le temps de leurs règles », souligne-t-il, en indiquant que les parents ont bel et bien un rôle dans l’éducation sexuelle. Le FNUAP a lancé, depuis 2013, l’éducation sexuelle complète à l’école, en primaire et au secondaire. Si le projet est en cours de mise à l’échelle nationale après une phase test concluante, les parents sont là pour faciliter la compréhension et renforcer les messages en termes de sexualité. « Pour cela, nous avons mis en place des écoles des parents avec des manuels pour eux. Mais la communication constitue la base. On apprend aux parents le dialogue intergénérationnel », explique ce responsable.
Parler et faire savoir
La communication, Herisolo en a fait son arme pour éduquer ses enfants. Mère d’un jeune homme de 22 ans, d’une jeune étudiante de 20 ans, d’une adolescente de 16 ans et d’un petit garçon de 10 ans, elle affirme avoir toujours été très ouverte envers ses enfants. « J’ai abordé les questions de prévention et des risques avec les deux premiers à partir de 16 ans. A mon fils, j’ai acheté des préservatifs. Sinon pour mes filles, je leur montre que je contrôle leurs règles tant qu’elles sont sous mon toit », explique-t-elle, en ajoutant à travers un sourire ne pas souhaiter être grand-mère aussi tôt.
Dina pour sa part, mère d’une petite fille de 11 ans, commence à aborder progressivement le sujet. « Je lui apprends, par exemple, les changements qui vont opérer au niveau de son corps bientôt. J’essaie également de lui inculquer qu’elle est précieuse et qu’elle ne doit pas se laisser toucher par les autres », lance-t-elle en signalant entre autres qu’elle interdit formellement à sa fille de s’asseoir sur les genoux des hommes.
L’échange a toute sa place dans l’éducation sexuelle d’un enfant mais beaucoup de parents trouvent difficile d’aborder cette question à la maison. Cela les met mal à l’aise. Raison pour laquelle la plupart des ados se confient entre eux et découvrent le sujet dans des groupes de discussion sur Facebook, sur YouTube ou dans des films.