Les débats sont devenus légions sur les chaînes télévisées depuis quelques années, alimentant le buzz sur les réseaux sociaux. Mais qu’en est-il de leur teneur et de leur impact sur l’opinion ?
Depuis 5 ans, la TV Plus propose « Don-dresaka ». L’émission hebdomadaire a vite cartonné car elle a su remplir un vide dans le paysage télévisuel malgache, dans la mesure où des personnalités peuvent débattre sur un plateau, sans langue de bois. Un style direct qui a fait tilt auprès des téléspectateurs. La nouvelle chaîne Real TV s’est aussi lancée sur ce créneau avec son émission « L’invité du jour » où l’animateur pousse l’invité en question dans ses retranchements. Une fois de plus, la formule a fonctionné, à en juger les commentaires sur les réseaux sociaux.
Amateurs de clash
Ces deux émissions surfent sur les actualités chaudes pour attirer l’attention du public. « Nous choisissons le thème à aborder selon la situation, explique la directrice de la rédaction de Real TV, Diamondra Andrianaivo. Nous abordons, par exemple, les sénatoriales actuellement ». Mêmes explications chez le rédacteur en chef de la TV Plus, Abraham Razafy, qui indique que l’émission vise le grand public. « Nous abordons plusieurs sujets qui peuvent intéresser tout le monde, lance-t-il, mais toujours suivant les actualités ».
D’autres télévisions ont adopté le style à l’image de la RTA avec « ça me dit ». Abraham Razafy salue cette tendance. « Même si cela nous fait de la concurrence, c’est toujours une bonne chose pour la démocratie », indique-t-il. Pour sa part, Hery Rason de la société civile tempère en indiquant que les débats télévisés ne correspondent pas à ce que l’on attend. « Il y a rarement des débats d’idées constructives. Ce sont les scandales politiques qui sont les plus alimentés », précise-t-il. Abraham Razafy et Diamondra Andrianaivo estiment que le niveau des débats dépend des intervenants. Tous les deux font savoir qu’il leur est difficile de convaincre les personnes de participer.
Culture du débat
Hery Rason déclare toutefois que le public, notamment les jeunes, est friand de clashes. « Les médias et les télévisions ont le devoir d’éduquer les citoyens et ne doivent pas seulement se limiter au show. Le défi est de trouver un juste milieu », lance-t-il, en admettant que certaines plateformes proposent justement des débats d’idées mais que cela n’intéresse pas grand monde. Pour ce qui est de la culture du débat, il estime que les Malgaches ont tendance à prendre les discussions de manière personnelle. « Voilà pourquoi les gens ne supportent pas vraiment les débats », résume Hery Rason. Diamondra Andrianaivo confirme en évoquant les commentaires sur la page de la chaîne que  « certaines personnes y vont franco dans leurs messages, en lançant souvent que l’animateur n’est pas impartial », déplore-t-elle.