Pour marquer le 15 septembre, Journée internationale de la Démocratie, l’association Transparency International-Initiative Madagascar a organisé un débat autour du lancement d’alerte à Madagascar. Â
La protection des lanceurs d’alerte a été parmi les sujets abordés durant la conférence-débat. L’hôte du jour, la secrétaire exécutive de la TI-IM, Ketakandriana Rafitoson a soulevé cette question en soulignant notamment l’inexistence d’une loi qui protège explicitement les lanceurs d’alerte à Madagascar. Indiquant que certains pays africains ont sauté le pas, elle affirme caresser ce rêve pour la Grande île. Le secrétaire général du ministère de la Justice, Herilaza Imbiky, admet qu’il serait bien d’avoir une telle loi. D’après lui, c’est possible. Il tempère toutefois que ce texte éventuel doit également présager des sanctions pour dissuader les « faux lanceurs d’alerte ».
Convictions sans faille
Dans ce sens, Emile Thomas Razafindremaka, membre de la société militant pour les droits de l’Homme et particulièrement actif dans les conflits d’ordre foncier dans la région d’Ihorombe en connaît un rayon, lui qui a connu la prison cette année. « J’ai été emprisonné car j’ai osé parler et que mes propos ont dérangé certains », lance-t-il, en soulignant que des gens ont jugé son incarcération injuste à l’image entre autres de la Plateforme nationale des organisations de la société civile.
Justement, l’activiste Mbolatiana Raveloarimisa parle du réseautage comme protection. « Il est important qu’un lanceur d’alerte pense à sa protection. Dans cette optique, le réseautage, notamment international, peut être utile», indique-t-elle, ne serait-ce que pour payer les frais d’avocats en cas de poursuite. Quoi qu’il en soit, elle souligne qu’un lanceur d’alerte doit garder ses convictions même devant les épreuves. Elle salue ainsi la pugnacité d’Emile Thomas Razafindremaka.
Pour sa part, le syndicaliste Christian Tomarielson estime qu’un lanceur d’alerte, notamment dans l’administration, se doit de respecter la hiérarchie. Il indique également qu’une structure légale comme un syndicat peut offrir une protection à un lanceur d’alerte.Â
Mesurer les conséquences
Quoi qu’il en soit, les participants ont admis, chacun à leur manière, que les gens n’osent pas encore parler à Madagascar, de peur de représailles en tout genre. Même les journalistes dont informer est le métier ont les pieds et poings liés d’une certaine manière. Outre les difficultés à chercher des informations, signalés par Ketakandriana Rafitoson, la journaliste Lova Rabary évoque le parti-pris des organes de presse. Elle indique que les titres sur la place sont souvent liés d’une manière ou d’une autre à une tendance politique. « Si ce n’est pas le cas, ils appartiennent à des chefs d’entreprises qui ne sont pas à l’abri de représailles », précise-t-elle.
Représentant le ministère de la Communication, le directeur de la régulation des médias Fetraniaina Mamimbahoaka a, pour sa part invité les lanceurs d’alerte à se poser la question sur l’objectif de leurs actions. Il estime, par ailleurs, que les lanceurs d’alerte doivent réfléchir aux conséquences avant de se lancer en n’oubliant pas que leurs démarches doivent s’inscrire dans la logique d’aider les décideurs.