Quelques personnalités malgaches réagissent sur le thème « peuple ou foule ». Peuple dans le concept « ensemble des citoyens », et foule dans le sens, « le commun des hommes pris collectivement, la masse, la multitude ». Mais être citoyen engloberait plusieurs dimensions dont la responsabilité envers la nation et la société. Selon le dictionnaire Larousse, un citoyen est une « personne jouissant, dans l'État dont il relève, des droits civils et politiques, et notamment du droit de vote ».
Désengagement de la population
« Il n’y a pas de citoyens à Madagascar », fustige le Général Désiré Ramakavelo sans équivoque. Le militaire à la retraite pointe du doigt l’attitude attentiste des Malgaches face à toutes les choses qui ne fonctionnent pas dans le pays. « A l’étranger, lorsqu’une loi ou une décision touche les jeunes ou l’emploi, ils manifestent leur désaccord. Chez nous, les jeunes de l’université ne réagissent que lorsqu’il y a un retard dans le paiement des bourses d’étude. Voilà une illustration simple de cette absence d’attitude citoyenne des Malgaches », lance-t-il. Il souligne notamment la corruption qui continue de faire des ravages sans que personne ne réagisse. « Les Malgaches se complaisent dans cette situation », conclut-il.
L’ambassadrice Education à la citoyenneté mondiale dans l’Atsimo Atsinanana, Dina Christina, rappelle qu’un citoyen est une personne qui connaît ses droits, qui prend ses responsabilités et apporte sa contribution à la société. « Il y a notamment la participation aux élections. Les Malgaches ne mesurent pas la portée de leurs choix mais il y a surtout le manque d’intérêt qui prend de l’ampleur », souligne-t-elle, en ajoutant que c’est le véritable problème.Â
Flamme de la citoyenneté
Dans la réalité, la participation aux élections s’est effritée au fil des échéances électorales, 54% à la dernière présidentielle, 40% aux législatives et tombant jusqu’à 28% aux municipales. Pour l’activiste Mbolatiana Raveloarimisa, la non-participation aux élections revêt plusieurs dimensions. « C’est une tendance dans le monde entier. Les populations commencent à en avoir assez du système démocratique. C’est la manière de faire de la politique qui est navrante », lance-t-elle, en précisant toutefois qu’il relève de la responsabilité du citoyen de trouver une autre manière de s’exprimer pour ne pas être classé « citoyen passif ». « Le problème c’est que les mouvements citoyens sont devancés par certains préjugés. Une manifestation populaire a une connotation négative dans le pays », avance-t-elle. De son côté, Dina Christina estime que les Malgaches n’osent pas manifester concrètement de peur de représailles de toute sorte. « Cela peut être des opportunités qui se ferment », explique cette dernière.Â
Quoi qu’il en soit, Mbolatiana Raveloarimisa indique que chaque citoyen peut agir « ne serait-ce que de nettoyer devant chez lui ». Elle affirme toutefois garder espoir tant qu’il y a une poignée de personnes qui continuent à entretenir la flamme de la citoyenneté.