La politique nationale de lutte contre les troubles liés à la carence en Iode et en Fluor exige que le sel vendu sur le territoire malgache soit iodé et fluoré. Ces dernières années, des voix dissonantes s’élèvent pourtant au détour de discussion informelle en famille ou entre amis à propos du sel.
75.80% des femmes présentent une faible concentration d’iode urinaire (CIU), peut-on lire dans l’Enquête nationale sur l’iode et le sel à Madagascar 2016 (ENISM-2016). Il s’agit d’une enquête mise en œuvre depuis 2014 par l’Institut Pasteur de Madagascar et le ministère de la Santé publique (Service de Nutrition), en collaboration avec l’Office national de nutrition (ONN), avec l’appui financier et technique de l’UNICEF. L’objectif est justement de déterminer le statut en iode de la population malgache par la mesure de la CIU. L’enquête a également révélé que 21.30% des ménages utilisent le sel adéquatement iodé. Le rapport indique que l’utilisation de sel inadéquatement iodé aurait réduit l’apport en iode au niveau individuel, ce qui aurait entrainé une carence en iode à l’échelle de la population. Madagascar se classe ainsi au 6ème rang des pays africains à déficience modérée en iode, aux côtés de l'Ethiopie, du Soudan, du Maroc, du Ghana et du Mozambique.
Faible couverture
Les résultats de l’enquête montrent que la carence en iode est essentiellement attribuable à une très faible couverture en sel adéquatement iodé. Parmi les recommandations inscrites dans le document, il y a le renforcement de la surveillance et le contrôle du sel iodé lors de la production, de la vente et de la consommation. Il faut savoir que dans le cadre de la politique nationale de lutte contre les troubles liés à la carence en Iode et en Fluor, tout le sel vendu à Madagascar doit être iodé et fluoré. Sur ce point, un arrêté interministériel, datant de 2019, fixe les rôles des organes impliqués dans cette politique. Une source auprès de l’Agence de contrôle de la sécurité sanitaire et de la qualité des denrées alimentaires (ACSQDA) précise que l’emballage des sels vendus à Madagascar doit contenir la mention SIF (Sel iodé fluoré). « Seuls certains produits diététiques ne sont pas concernés », précise notre interlocuteur qui indique que des descentes sont régulièrement effectuées dans les lieux de production et de conditionnement.Â
Hypertension
L’autre défi de la démocratisation du sel iodé et donc fluoré est constitué par les rumeurs sur les conséquences néfastes de la consommation du sel iodé sur la tension artérielle. L’ENISM-2016 recommande d’ailleurs de mettre en place une campagne visant à promouvoir les bienfaits de l’utilisation du sel iodé au niveau des écoles et des lieux de travail entre autres. C’est justement dans son lieu de travail qu’une femme qui consomme du « sira tany » (par opposition au sel conventionnel) s’est forgée la conviction de consommer ce produit. « Mon mari est sujet à l’hypertension. Depuis, nous utilisons du sira tany surtout pour les aliments crus. Aucun médecin ne m’a conseillé de faire cela. C’est à travers le bouche-à -oreille. En fait, presque tous mes collègues utilisent le sira tany donc je m’y suis aussi mise », explique-t-elle. Autre fait marquant dans son témoignage, c’est qu’elle affirme ne pas avoir de difficulté à en trouver. En effet, elle indique s’en procurer dans les épiceries et même dans des enseignes de grande distribution.  Â
Pour rappel, l’iode est un micronutriment indispensable à la croissance et au développement du système nerveux central et des os, aussi bien chez l’adulte que chez le nouveau-né. Il peut arriver, particulièrement chez la femme enceinte, une carence en iode durant la grossesse pouvant provoquer des anomalies congénitales.