Plus d’un travailleur indépendant grince les dents quand vient le moment de payer les taxes. Certains vont jusqu’à parler de racket ou d’acharnement. Pourtant, toute activité officiellement déclarée à l’administration est sujette à impôts. Mais la culture fiscale est encore à renforcer à Madagascar.
« Je viens de payer mes impôts. Je n’y comprends rien. Je me contente de payer mais ça m’a l’air abusé », lance une consultante. Comme elle, nombreux sont les travailleurs indépendants, surtout les néophytes, qui se retrouvent pris au dépourvu à l’approche du 31 mars, date d’échéance fiscale.
Un inspecteur des impôts qui souhaite préserver son anonymat explique que normalement, les prélèvements ne doivent pas être un problème si les gens s’y préparent. « La somme qui doit être payée, c’est par rapport aux activités effectuées tout au long de l’année », commence-t-il. « Les travailleurs indépendants ne s’y préparent pas et, au final, ce sont les bénéfices à partir de janvier qui y passent ». D’après lui, les contribuables doivent être éduqués pour adopter cette habitude.
Système déclaratif
L’inspecteur de poursuivre qu’à Madagascar, le système est déclaratif. « Ce sont les contribuables qui déclarent mais l’administration fiscale peut toujours contrôler », indique-t-il. D’un autre côté, il fait savoir que les agents estiment également ce que peuvent gagner une entreprise, par expérience. C’est le cas des épiceries qui ne tiennent pas de livre de compte. « Selon la taille de l’épicerie et de son emplacement, les agents évaluent la somme qui doit être prélevée, dans le respect du principe de l’égalité vis-à -vis des impôts », ajoute-t-il, en soulignant toutefois que, par « équité », un agent de terrain peut évaluer à la baisse ce qui peut être payé suivant les réalités. « Par exemple, si une échoppe se trouve sur un chemin où il n’y a pas grand monde, elle ne devrait pas payer le même tarif qu’une échoppe de même taille mais mieux placée », précise-t-il. L’inspecteur de signaler qu’avec les travailleurs indépendants, on parle surtout d’impôts synthétiques qui s’appliquent aux entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 200.000.000 ariary.
Quoi qu’il en soit, nombreux sont les Malgaches qui ne voient pas d’un bon œil les impôts. Certains préfèrent rester délibérément dans le noir. Outre le souci des montants qui peuvent être exigés, la réflexion sur l’utilité des impôts revient souvent. « Personnellement, je ne compte pas déclarer mon activité de sitôt », soutient un rédacteur freelance, qui non seulement réalise un chiffre d’affaires conséquent mais emploie d’autres rédacteurs selon les commandes. « Que je paie ou ne paie pas, rien ne change. On ne sait pas ce qu’ils font de l’argent », conclut-il.