Dans le sud de Madagascar, notamment dans la région Androy, la problématique de l’éducation reste quelque peu permanente. Outre le kéré (la famine), la malnutrition et l’éloignement des écoles figurent parmi les blocages qui tendent à freiner l’essor de l’éducation, dans cette partie de l’île.
La sècheresse qui sévit pendant une grande partie de l’année dans cette région impacte négativement non seulement sur le mode de vie des habitants, mais aussi sur l’éducation de leurs enfants. Le manque de moyens financiers ne permet pas aux parents d’assurer la continuité de la scolarisation de leurs enfants. Par ailleurs, à cause de la malnutrition qui découle de cette sècheresse les élèves tendent à être déscolarisés avant la fin de l’année scolaire.
La sècheresse, le premier facteur à prendre en compte
« Auparavant, on disait toujours que les habitants d’androy n’envoyaient pas leurs enfants à l’école. Avant, c’était vrai, mais la réalité est aujourd’hui tout autre », explique Nicolas Rabesalimanana, directeur régional de l’éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel de l’Androy. Selon ce responsable, chaque année, de nombreux enfants intègrent la classe de 11e, mais moins de la moitié arrivent jusqu’en classe de terminale.
Pour Rose, mère de 2 enfants, habitant la commune d’Ambovombe, la sècheresse constitue l’un des facteurs qui impactent sur l’éducation de ses enfants. « Avec la sècheresse, nous ne pouvons rien produire, de fait, nous n’avons plus les moyens de subvenir aux frais de scolarité de nos enfants », explique-t-elle, rajoutant que ses enfants ont aujourd’hui dû abandonner l’école et travailler comme vendeurs d’eau. Par ailleurs, selon Rose, « envoyer les enfants à l’école ne mène à rien, s’ils ne se nourrissent pas convenablement ». « Une fois à l’école, ils ne seront même pas concentrés sur leurs études », souligne-t-elle.
Éloignement et manque d’infrastructure
« Avec l’annonce du Président de la République quant à la gratuité de l’inscription dans les écoles publiques, on s’attend à une hausse du taux d’inscriptions scolaires cette année », explique de directeur régional Nicolas Rabesalimanana. Pourtant, selon ce responsable, il faut également souligner le manque d’infrastructures dans cette région de l’île. « Dans les communes les plus proches d’Ambovombe, on compte près de 9 EPP », souligne-t-il. « L’éloignement des écoles est un blocage pour la poursuite des études de nos enfants », précise André, un habitant de Bevoalavo. Notons que de Bevoalavo à Ambovombe, il faut compter environ 3 heures de marche, s’indigne-t-il.
De fait, les enfants qui passent en classe secondaire doivent parcourir plusieurs kilomètres pour venir jusqu’à Ambovombe. Dans le cas de la ville d’Ambovombe par contre, il existe aujourd’hui 12 établissements privés, dont 4 écoles primaires, 4 collèges et 4 lycées. Il reste cependant la question des frais de scolarité qui, même étant réduits, rendent l’école inaccessible pour une grande partie des habitants.