Dans la culture malgache, les tombeaux ont toujours occupé une place importante. Ils regorgent de caractéristiques essentielles, d’une localité à une autre. La région Androy n’est pas en reste. Lien indéfectible entre les familles et les morts, les tombeaux permettent, jusqu’à maintenant, d’estimer le statut du défunt et celui de sa famille au sein de la société.
Tantôt ils sont bâtis de murailles de galets, jonchés de piliers de rocs et décorés de quelques têtes de zébus. Tantôt, ils sont faits de murailles cimentées et colorées, surplombées d’une sculpture décorative ou décorée de fresques, racontant l’histoire du défunt, sur lesquelles est gravé le message destiné à sa descendance. Chaque élément dans la conception du tombeau a son importance et rien ne doit être laissé au hasard.
Tout est dans l’édifice
Aujourd’hui, dans l’Androy, l’utilisation de galets de pierres tout comme la conception en muraille cimentée a une signification particulière sur les tombeaux. « Il faut savoir qu’avant, tous les tombeaux étaient en galets de pierres, et c’était à partir de sa taille imposante que se mesurait le statut du défunt qui y était enterré », explique Mamonjy, enseignant et étudiant en sciences sociales, vivant dans la région. Aujourd’hui, selon lui, le choix entre galets de pierre et structure cimentée varie selon la croyance ou la religion de la famille du défunt.
Généralement, un tombeau fabriqué en galets montre que le défunt et les membres de sa famille ont gardé les rites etcroyances de leurs ancêtres. Bien que ces types de roches ne coûtent pas chers, la construction de la tombe est liée à un rituel financièrement onéreux. Pour les familles chrétiennes, les caveaux en ciment priment. Par ailleurs, « la grandeur du tombeau révèle le statut social de la personne », d’après Germain, jeune étudiant en sciences sociales et également ressortissant de la région. « Plus le défunt est riche, plus son tombeau sera plus grand et plus orné», explique-t-il. En outre, dans la culture locale, l’ainesse garde toujours son importante place de jadis. « Cela se voit également dans la conception des tombeaux », souligne l’habitant. La taille du tombeau des enfants ou des descendants ne peut dépasser celle des aïeux.
Des ornements transmettant des messages
« Sculpture d’avion, têtes de bœufs, fresques colorées… ; chaque élément décoratif ornant les tombeaux a sa signification », explique Lahinke, un jeune étudiant en histoire, également ressortissant de l’Androy. « Généralement, les ornements véhiculent des messages du défunt pour sa descendance, mais peuvent aussi refléter la vie du défunt », souligne-t-il. Une sculpture d’avion veut, par exemple, indiquer que la personne était pilote, les têtes de zébus reflètent sa richesse et les fresques colorées dessinent les messages qu’il voulait transmettre, lors de son vivant. « Les ornements permettent, par ailleurs, aux descendants d’espérer la bénédiction des défunts », selon Germain. « Plus le tombeau est majestueux et proprement orné, plus ils pensent que les défunts leur accorderont leur bénédiction », précise-t-il.
Selon nos interlocuteurs, le choix de l’emplacement des tombeaux se fait également en se basant sur plusieurs critères, bien que les anciens n’aient pas laissé de directives précises à propos de cela.  « Les tombeaux sont principalement construits dans les zones arides ou rocailleuses les plus éloignées des habitations, mais surtout dans des endroits où rien ne peut pousser », conclut Mamonjy.