Les fumeurs n’en ont pas forcément conscience mais un mégot est un concentré de polluants. Pour l’heure, il n’existe aucune structure qui dépollue exclusivement ces déchets à Madagascar.
« C’est un réflexe. Je jette mon mégot par terre, lance une fumeuse. Je ne m’en suis jamais souciée particulièrement ». Comme elle, pratiquement tous les fumeurs malgaches jettent leurs mégots par terre lorsqu’ils sont dans la rue. Le geste peut paraître anodin mais il l’est moins pour l’environnement. Malgré son apparence, le filtre d’une cigarette n’est fait ni de coton ni de papier. D’après la fiche sur la pollution des mégots du ministère français de la Transition écologique, le filtre contient des matières plastiques mais également plusieurs substances chimiques toxiques pour l’écosystème. Le mégot représente surtout un danger pour l’eau, un mégot pouvant contaminer jusqu’à 500 litres.
Absent du Code Municipal d’Hygiène
La pollution visuelle est, par ailleurs, réelle en ville d’autant plus que le reste d’une cigarette met près de 10 ans à se dégrader. Il suffit de sortir dans la rue et de regarder attentivement le sol et les caniveaux pour s’en rendre compte. Sur quelques mètres d’une rue très fréquentée à Antananarivo, on peut en compter facilement plusieurs dizaines. Force est de constater que le nouveau code municipal de l’hygiène de la ville  ne prend pas particulièrement en compte le mégot. Visiblement, le problème n’est pas encore assez soulevé à Madagascar alors qu’en France, un projet de décret entend sanctionner davantage le geste en faisant passer l’amende de 68 à 135 euros, alors que dans certaines provinces du Canada, depuis 2009, les policiers donnent des contraventions de 169 $ CAD aux citoyens qui jettent leurs mégots par terre.
Des briques écologiques à base de mégots
Quoi qu’il en soit, des initiatives prennent forme, à l’image de l’association Green’N’Kool qui collecte les mégots depuis un an. « Nous travaillons avec des gens de l’extérieur qui nous confient leurs mégots dans une bouteille en plastique. L’idée est d’en faire des briques écologiques », explique une responsable au sein de l’association. Green’N’Kool travaille entre autres avec le restaurant Cafétulat qui agit comme un centre de collecte. « Pour une bouteille rapportée, le restaurant offre un café », ajoute-t-elle. D’après un responsable de l’établissement, certains fumeurs commencent à prendre conscience de l’enjeu à l’image des jeunes de la colocation écologique Le Terrier qui ont adhéré à l’initiative. Cafétulat a déjà recueilli quelque 200 bouteilles, la collecte ayant été perturbée par le confinement.