Le phénomène n’est pas nouveau mais semble connaître une recrudescence et/ou plus de médiatisation ces derniers temps, cristallisé par la mort de la petite Tifania, 7 ans. L’évènement a suscité moult réactions sur les réseaux sociaux.
Entre 5 à 20 ans de travaux forcés. Voilà ce que risque une personne condamnée pour viol sur un enfant de moins de 15 ans. « Si le coupable a un lien de parenté avec la victime ou a une quelconque forme d’autorité sur elle comme un professeur, c’est la perpétuité », indique une magistrate qui préfère garder l’anonymat. Juge depuis 4 ans dans une localité à un peu plus d’une centaine de kilomètres d’Antananarivo, cette jeune femme a vu passer, sous ses yeux, plusieurs cas de viol sur mineur. « Franchement, c’est rageant. Je ne peux m’empêcher de ressentir de la colère à la vue d’un coupable. Je suis également en colère par rapport à la loi. Ce sont des faits impardonnables. Je suis pour un durcissement des peines », lance-t-elle, en soulignant que les conditions de détention pour une personne qui écope d’une peine de travaux forcés sont les mêmes que pour une simple peine d’emprisonnement.
Risque de récidive
Pour sa part, le Dr Hanitra Randriatsara, chef de service de la santé mentale au sein du ministère de la Santé, estime qu’une simple peine d’emprisonnement ne suffit pas. Sans excuser les actes, elle précise que la pédophilie est une forme de trouble mental. « Les personnes inculpées doivent bénéficier d’un suivi psychiatrique et psychologique », avance-t-elle, en ajoutant que le risque de récidive est important. Elle explique d’ailleurs la recrudescence de ces actes par les conditions de vie. « Les gens ne se sentent pas en sécurité actuellement. Pour beaucoup de Malgaches, tous les aspects de la vie prennent la forme d’une lutte, à commencer par la subsistance », poursuit-elle. Pour l’heure, aucune forme d’accompagnement n’est proposée aux inculpés, d’après la magistrate.
Le Dr Hanitra Randriatsara signale que les jeunes sont les plus susceptibles de tomber dans ce vice et d’autres comme la drogue, à cause essentiellement du chômage. « Sinon, il y a aussi le manque d’éducation. Les parents n’ont plus le temps d’éduquer correctement leurs enfants », ajoute-t-elle, mettant, d’un autre côté, en évidence une hypersexualisation des jeunes filles dans la société à travers les médias.
Les autorités mènent actuellement une campagne pour inviter les victimes à se manifester. Dans ce sens, la magistrate souligne avoir remarqué une hausse des plaintes. « Grâce notamment aux associations qui travaillent jusque dans les fokontany de notre localité, les familles osent maintenant dénoncer les cas de viols », indique-t-elle.