Pleuvra, ne pleuvra pas. Le rendez-vous avec la pluie est devenu un moment particulièrement stressant pour les paysans depuis quelques années à Madagascar. Pour Tiana Randriamahazo, ingénieur agronome qui travaille à Ampasipotsy, commune Maroharona, dans le district de Tsiroanomandidy, ce n’est ni plus ni moins que le changement climatique qui se manifeste. Interview.
Studio Sifaka : Quelle est la situation dans la localité où vous évoluez ?
Tiana Randriamahazo : On note un retard de 3 semaines. Normalement, la saison humide commence au début du mois de novembre. A ce moment de l’année, les routes devraient déjà être boueuses. Je fais référence aux pluies qui tombent régulièrement, comme d’accoutumée en saison pluvieuse. Mais là , dame pluie n’est pas au rendez-vous.
Pouvez-vous apporter plus d’explications ?
Depuis le mois de septembre, nous avons enregistré 72 mm de précipitation. Nous devons être à 100 mm vers la fin du mois de novembre mais le problème, c’est que ces 72 mm n’ont été obtenus qu’après trois pluies, et ce, à raison d’une par mois. Cette fréquence n’est pas suffisante pour les cultures, notamment pour le riz. L’humidité ne reste pas suffisamment dans le sol, frappé par le soleil estival. L’important, ce n’est pas la quantité de pluie,de petites pluies tous les deux jours changeraient déjà les donnes.
La saison culturale est-elle menacée ?
Pour le riz précoce, oui. Les plants ont déjà été repiqués. Si la pluie n’est toujours pas au rendez-vous dans les trois prochaines semaines, il se pourrait qu’il n’y ait tout simplement pas de récolte. La question est de savoir si les plants vont donner des épis ou pas. Pour les autres cultures, le semis attend le début effectif de la saison des pluies.
En quoi le riz précoce est-il important pour les paysans ?
Le riz précoce est important car il s’agit d’une culture de contre-saison. La moisson devrait avoir lieu pendant la période de soudure. Le mois de novembre constitue ainsi une période clé pour l’épiaison. C’est justement en prévision des premières pluies que le semis a lieu en août et le repiquage en septembre. Cette récolte est supposée aider les paysans à tenir jusqu’à la moisson du riz de la grande saison.
Depuis quand la saison des pluies est-elle aussi perturbée ?
J’ai commencé à travailler à Ampasipotsy depuis 2014. Je peux dire que la situation a commencé à se dégrader depuis 2018. Cela a empiré car l’année dernière, la pluie n’est arrivée qu’en janvier. C’est la manifestation du changement climatique dans cette localité.
Mais ne suffit-il juste pas de décaler la culture ?
Le phénomène est encore nouveau. Les paysans ne savent pas encore quand exactement semer. Par ailleurs, pour le moment, rien ne garantit que la saison des pluies va durer les 4 mois nécessaires aux cultures.   Â