Localité touristique avec la présence du parc de Mantadia, Andasibe vit au ralenti depuis la fermeture du ciel. Le tourisme local ne comble pas les manques à gagner voire les pertes.
Les Indri Indri chantent toujours tous les matins dans les cimes des arbres de Mantadia. Les touristes sont absents pour les écouter tout comme les euros qui font vivre Andasibe. Depuis la fermeture des frontières, c’est toute la localité qui souffre. Premiers concernés, les hôteliers et les personnes qui vivent directement du tourisme. Dans la réalité, une grande partie des activités dans la localité dépendent des « vazaha » (étrangers).
Fanja, une détaillante de légumes se plaint de subir de plein fouet cette crise. « Quand il y a beaucoup de vazaha, les hôtels prennent nos légumes. Maintenant, je les vends au marché. C’est à peine si j’arrive à en vendre car les gens n’ont pas d’argent », indique Fanja, qui explique que beaucoup de jeunes vivent indirectement du tourisme. « Presque tout le monde y gagne, d’une manière une autre mais là , c’est mort ».
Le pire est à venir
Depuis le déconfinement au mois de septembre, les touristes locaux commencent à affluer les weekends. « Les malgaches commencent à sortir. Le weekend, il y a toujours des clients depuis le déconfinement », confirme Mahafaly, gérant d’un hôtel, qui indique remarquer de nouveaux clients quand vient le vendredi. « Mais cela n’a rien à voir avec les vazaha, lance-t-il. Premièrement, une chambre avec les étrangers, c’est au grand minimum 200.000 ariary. Avec les locaux, on ne peut aller difficilement au-delà de 50.000 ariary ». Mahafaly fait également savoir que les clients étrangers consomment largement plus que les Malgaches. « Un couple peut dépenser facilement 100.000 ariary par repas durant leur séjour. Tendance très rare chez les clients locaux ». Avec ces derniers, Mahafaly explique ne pouvoir couvrir que les petites charges, juste assez pour faire fonctionner l’hôtel.
Pour Fanja par contre, le retour des locaux n’a aucun impact sur ses rentrées d’argent. « Les hôtels ne prennent même pas le quart de mes marchandises », se plaint cette vendeuse de légumes qui craint le pire avec la période de soudure se profilant. Mahafaly atteste les difficultés auxquelles sont confrontés les gens. « Si on sort et qu’on rencontre 30 personnes, au moins 20 vous demandent du travail », déclare-t-il. Le personnel de l’hôtel qu’il gère est réduit d’une vingtaine d’employés à 4. Il ajoute qu’au plus fort du confinement, il a remarqué une recrudescence des petits larcins. « On nous volait de petites choses comme des tuyaux ou même des plantes. Bref, tout ce qui peut se vendre ».
Le bout du tunnel est encore loin pour les localités qui vivent du tourisme avec la fermeture du ciel et face à la deuxième vague dans les pays émetteurs. Le cas d’Andasibe est symptomatique de ce qui est train de se passer dans les autres sites de Madagascar.
Tolotra Andrianalizah