Selon le site de « Tsycoolkoly », une plateforme en ligne qui offre la possibilité de témoigner et de dénoncer des cas de corruption dans la vie quotidienne, ces dernières pratiques seraient plus courantes dans le secteur de l’éducation.
La corruption sexuelle et les pots de vins sont les formes les plus fréquentes de corruption à l’université, selon Vatsy Rakotonarivo, responsable de la communication au niveau de la Tranparency International – Initiative Madagascar. En général, les principaux motifs de corruption à l’université sont l’obtention de « bonne » note et le passage de niveau.
La corruption sexuelle pour de bonnes notes
C’est lorsque l’auteur de la corruption demande à la victime des faveurs sexuelles en échange d’un service. Elle peut, parfois, s’apparenter à du chantage. « Concrètement, un ou une étudiant(e) propose du sexe au professeur pour qu’il le fasse passer de niveau ou pour qu’il valide un examen. Vice versa, le professeur demande du sexe à l’étudiant afin de valider sa thèse ou son examen », explique Vatsy Rakotonarivo.
Echange de services contre du cash
La corruption va dans deux sens. Toujours selon ce responsable, « il y a des situations où ce sont les profs qui demandent de l’argent pour faire passer l’étudiant au niveau supérieur. Et cela, même si ce dernier a une bonne note. Dans d’autre cas, ce sont les familles aisées qui ont des difficultés à passer un examen qui proposent de l’argent au professeur ».  De son côté, Fabien Privat, responsable auprès de la plateforme Tsycoolkoly, précise que « la corruption sexuelle concerne plus les femmes que les hommes. Pour les hommes, il s’agit plutôt de pots de vin ».
Si peu de dénonciations
La crainte et la peur en sont les principales causes. La plupart du temps, lorsque les victimes sont étudiantes, elles ont peur que l’auteur de la corruption ne sabote leurs études ou leurs notes. « Les professeurs ont une sorte de collectif. Ils se protègent. Dès lors, si un étudiant dénonce un professeur, il aura peur du comportement des autres professeurs envers lui », indique Fabien Privat. De plus, les victimes ne portent pas plaintes au niveau du BIANCO - Bureau Indépendant Anti-Corruption, mais préfèrent juste se confier à leurs proches. Elles estiment que ce n’est que perte de temps et d’argent et que les résultats des décisions juridiques ne sont jamais satisfaisants.
Etre témoin de corruption et agir
Le BIANCO est jusqu’ici la seule institution autorisée à recevoir les plaintes concernant les affaires de corruption. Le premier geste à faire est donc d’y déposer les plaintes. Toutefois, il faudra des preuves tangibles. A part le BIANCO, la Tranparency International – Initiative Madagascar peut également recevoir des dénonciations, mais les redirigeront toujours vers le BIANCO.
Les universités de Madagascar n’ont pas encore de cellules anti-corruption au niveau de leur administration. A la place, il y a des clubs de prévention de la corruption initiés par des étudiants. Il s’agit, en particulier, des clubs RHI- Réseau d’Honnêteté et d’Intégrité en relation avec le BIANCO et du Club Fongotra formé par des étudiants de la faculté de Droit et des Sciences Politiques de l'Université d'Antananarivo. Selon Nathalie Randrianasolo, présidente du club RHI Fianarantsoa, les étudiants victimes peuvent confier verbalement leurs vécus respectifs au RHI. Ils seront ensuite orientés vers les autorités compétentes.