La vie n’est pas toujours rose à l’ombre des cocotiers. La subsistance est un défi permanent dans les localités aux alentours du site balnéaire de Foulpointe. Le confinement n’a pas arrangé les choses.
Ambodimanga est un hameau dans le fokontany de Vohitamboro, à une dizaine de kilomètres avant d’arriver à Foulpointe. Il faut emprunter une piste sablonneuse sur quelques centaines de mètres pour atteindre ce petit village de quelques toits. L’économie de subsistance prend tout son sens dans ce hameau où la vie est rythmée par les saisons culturales et les jours de marché. Les habitants y vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. « Nous cultivons un peu de tout : du manioc, du fruit à pain, de la patate douce, du letchi ou encore de la banane. Nous élevons également de la volaille, des cochons et des zébus », indique Yvonne, une des mères de famille d’Ambodimanga. L’essentiel de la production est destinée à l’autoconsommation.
Letchi au déjeuner
Seul le surplus est vendu pour acheter essentiellement du riz, l’aliment de base. « Nous n’en mangeons qu’une fois par jour, le soir. Même les enfants en bas âge ont l’habitude de ne plus manger de riz le matin et à midi. A la place, nous mangeons du manioc, du fruit à pain. Comme c’est la saison du letchi, nous en mangeons à midi. Les enfants en consomment après l’école », lance Maman’i Kalô (la mère de Kalô), une autre mère de famille, qui précise toutefois que rien ne vaut le riz. « Nous n’avons pas l’impression de bien manger si nous ne mangeons pas du riz, poursuit-t-elle. Le problème, c’est que ça coûte cher ». Il faut, en effet, compter 700 ariary le kapoaka (gobelet, unité de mesure) du riz importé, supposé réguler le prix sur le marché.
La vannerie un autre moyen de subsistance
Autres sources d’argent pour les habitants du village, la vannerie. Le hameau produit notamment des paniers en tige de ravinala que les habitants vendent les jeudis, jours de marché, à Tanambao à 5 km de là . « Tout le monde s’y met, raconte Maman’i Kalô. De vendredi à jeudi, nous nous mettons au travail. Nous emmenons nos produits au marché et c’est avec l’argent obtenu que nous faisons nos courses pour la semaine ». Yvonne indique toutefois qu’il arrive que des associations de Toamasina leur commande plusieurs unités de paniers. « C’est du pain béni pour nous lorsqu’on se met d’accord sur le prix », ajoute-t-elle.
Optimisme
Le confinement a quelque peu bouleversé la routine assez tendue des villageois. « Durant le coronavirus nous sommes restés au village. Nous sommes restés loin de la ville autant que possible. Il n’y a eu personne pour nous acheter nos produits », raconte Yvonne. « Lorsque nous n’avions pas d’argent pour acheter de l’huile, nous transformions le coco », ajoute-t-elle entre autres.
L’accès au soin est également problématique dans la localité. Le premier centre de soin se trouve à 15 km selon Yvonne. « C’est pour cela que pour accoucher, nous allons chez des matrones. Seuls deux de mes enfants sont nés dans un centre de soin. Les cinq autres ont tous vu le jour au village », indique-t-elle, en ajoutant que c’est aussi cher car il faut compter le transport et l’hébergement.
Malgré ces difficultés, les habitants d’Ambodimanga affichent toujours un optimisme au sourire communicatif. Leurs visages rayonnants contrastent toutefois avec la gravité de leurs regards, pour rappeler les défis auxquels ils doivent faire face pour survivre.Â
Tolotra Andrianalizah