Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, une série d’expositions de reconstitution de tenues de victimes est organisée un peu partout dans la capitale pour attirer l’attention des gens sur le problème.
Une grenouillère accompagnée d’une couche. Un tablier d’écolier. Une tenue de religieuse. Une longue robe banche. Qu’est-ce que ces tenues ont en commun ? Elles ont été portées par des victimes de violence sexuelle et sont exposées, dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre aujourd’hui à Isotry, devant le Bureau municipal de l’hygiène (BMH). Plus exactement, il s’agit de reconstitution des tenues selon des informations recueillies auprès de la police ou de la gendarmerie comme l’explique une des organisatrices de l’évènement. « Chaque tenue raconte une histoire. La grenouillère, c’est l’histoire de ce bébé d’un an et demi décédé à l’hôpital suite à un viol », indique-t-elle.
« L’Etat doit mieux protéger les jeunes des abus »
Chaque tenue est accompagnée justement d’un récit et d’un témoignage. Lycéens, mères de famille, badauds s’amassent autour du rond-point devant le BMH pour regarder l’exposition. Sourires gênés pour certains, regards remplis d’empathie pour d’autres, les histoires relatées ne laissent visiblement pas indifférents. Les visiteurs s’accordent à dire que l’exposition est utile pour rappeler aux gens que le danger est partout. « C’est aberrant de voir jusqu’où les gens peuvent aller pour assouvir leurs pulsions sexuelles », réagit une femme, dans la quarantaine, qui salue l’organisation. Un jeune homme de 18 ans estime, pour sa part, que l’Etat doit mieux protéger les jeunes des abus. L’histoire d’une employée agressée par son patron l’a particulièrement marqué.
Un manque de proximité
La réaction des gens à Isotry a quelque peu surpris les organisateurs. « Les gens sont venus pour leur parler de leur histoire à eux. Visiblement, les victimes ne savent pas à qui s’adresser. On leur a indiqué le numéro vert (813). Nous avons remarqué finalement qu’il y a un manque de proximité auprès des victimes dans les quartiers. Les gens reculent devant les bureaux », souligne notre interlocutrice.Â
L’exposition se déplace du côté d’Anosy demain et devrait se terminer le 10 décembre.
Tolotra Andrianalizah