A l’annonce des modifications de ses conditions d’utilisation, WhatsApp a vu bon nombre de ses utilisateurs migrer vers d’autres plateformes. Pour tenter de juguler la fuite, le service a décidé de décaler l’effectivité des modifications. Les utilisateurs malgaches sont-ils concernés ?
« Partout ailleurs, cela a entraîné une perte de confiance des utilisateurs en la plateforme qui avait fait du cryptage des conversations et la protection des données son principal argument de vente, lance le consultant réseaux sociaux et co-fondateur de Akanga 2.0, Thierry Ratsizehena. Les personnes qui utilisaient WhatsApp sans être présentes sur Facebook seront les plus impactées car leurs données seront communiquées aux autres produits de la société Facebook comme Messenger ou Instagram ».
Les utilisateurs malgaches ne sont pas épargnés par les modifications, mais ils ne semblent pas être concernés par la situation. « Cette nouvelle ne m’a pas fait réagir outre mesure. Tant que les discussions sont chiffrées, cela ne me dérange pas », lance un utilisateur malgache de WhatsApp. En effet, WhatsApp a tenu à faire savoir que les conversations continueront à « être protégées de bout en bout ». Pour sa part, Thierry Ratsizehena estime que peu de Malgaches sont sensibilisés à la protection des données personnelles. « D’autant plus que le législateur malgache (ou l’autorité de régulation s’il existe) n’en a pas réellement fait une de ses priorités », déplore-t-il, soulignant au passage que peu d’utilisateurs malgaches savent que WhatsApp est désormais propriété de Facebook.
Il est difficile pour l’heure d’avoir des statistiques précises sur WhatsApp, la plateforme ne communiquant pas beaucoup sur le sujet. « Les derniers chiffres en ma possession datent de 2019 (https://mobilesquared.co.uk/whatsapp-users-by-country/). Ils font état d’un peu plus d’un million de comptes créés », indique Thierry Ratsizehena. Il estime que le principal avantage de WhatsApp est son accessibilité. Il est compris dans certaines offres téléphoniques qui ont permis de le démocratiser à Madagascar. « WhatsApp est simple d’utilisation et est adapté aux pays moins développés car consomme très peu de data », ajoute-t-il.
Des alternatives
Concernant les alternatives Signal ou Telegram, Thierry Ratsizehena avance que ce sont pour l’heure des plateformes de niche, utilisée par des personnes qui avaient besoin d’un niveau élevé de confidentialité de leurs conversations. Il fait savoir que Messenger reste encore la plateforme de messagerie la plus utilisée à Madagascar (étude Datareportal, We Are Social, Hootsuite de janvier 2020). Messenger est indissociable de Facebook qui demeure le réseau social le plus utilisé dans la grande île, avec presque 3 millions d'utilisateurs. « J’ai personnellement décidé d’utiliser davantage Signal, étant convaincu que la convergence et le monopole des données par Facebook est dangereux. Le temps nous dira si les habitudes des Malgaches auront changé avec cette récente modification de la politique de WhatsApp », conclut Thierry Ratsizehena.Â