A Madagascar, instaurer la culture de l’épargne et la culture financière est encore difficile surtout auprès des jeunes. Par rapport à d’autres pays, où cela s’inculque dès le jeune âge au sein même de la famille, à Madagascar, les jeunes tendent à rester financièrement dépendants de leurs parents.Â
La culture de l’épargne a déjà existé depuis longtemps dans la culture ancestrale malgache. C’est ce que renferme l’expression « mitsinjo ny vodiandro ho merika » (prévoir l’avenir) qui existe à Madagascar depuis longtemps. Toutefois, elle n’est inculquée aux jeunes que trop tardivement. D’une part, les parents retiennent leurs enfants pour que ces derniers leur soient financièrement dépendants. Par peur des banques et institutions financières, nombreux sont également hésitants face au choix d’ouvrir ou non une épargne.
Manque de moyens pour épargner
Pour de nombreux jeunes, épargner reste difficile par manque de moyen. C’est le cas de Mbolatiana, jeune mère de famille de 31 ans, qui indique qu’elle n’a jamais pu épargner faute de possibilité. « J’ai toujours voulu épargner, mais auparavant je n’avais aucune rentrée d’argent. Une fois mariée, toutes les charges et dépenses de la maison ne me permettaient plus d’épargner », explique-t-elle. Bien qu’elle ait travaillé en même temps pendant ses années d’université, ce qu’elle gagnait à l’époque lui servait principalement pour ses frais de déplacement et ses fournitures.
Le cas est le même pour les jeunes universitaires, à l’exemple de Mihaja qui est aujourd’hui en 2e année à l’université d’Antananarivo. « Bien que j’aie envie d’épargner pour préparer mon avenir, il m’est impossible de le faire car je n’ai point de rentrée d’argent encore, mis à part la bourse d’études », explique-t-elle. Par ailleurs, peu de parents peuvent se permettre de donner de l’argent de poche à leurs enfants, même si ces derniers investissent déjà le monde universitaire.
L’éducation financière, encore loin d’être efficiente
Si pour certains, le manque de moyen en est la cause, d’autres indiquent quant à eux avoir peur de l’administration et des institutions financières. « L’éducation financière tout comme la culture de l’épargne reste encore insuffisante à Madagascar. Le cas est le même que ce soit pour les adultes que pour les jeunes », explique Seheno Ranoarivony. Selon cette coache en entrepreneuriat et éducatrice financière spécialisée jeunes, le problème vient quelque part des parents et de l’éducation. « Une grande majorité des parents malgaches cultivent la dépendance de leurs enfants à travers leur éducation. De fait, les enfants sont financièrement dépendants des parents et n’ont même pas la possibilité d’épargner ou d’apprendre à gérer leur propre argent », explique-t-elle. Â
Par ailleurs, il faut également noter le fait que l’inclusion financière et notamment l’éducation financière reste encore nouvelle pour beaucoup de malgaches. « Il y a à la fois un manque de sensibilisation, quant à la culture de l’épargne, mais il serait aussi nécessaire d’opérer un réajustement de la stratégie d’éducation financière » , souligne Seheno Ranoarivony.
Depuis 2016, première édition du Global Money Week à Madagascar, des campagnes de sensibilisation sont menées dans des établissements scolaires et également à la télévision quant à l’importance de la gestion de son argent et également d’épargner.