Des vers bien posés, pesés et rimés de l’illustre Dox ou de ceux du poète mythique qu’est Jean Joseph Rabearivelo, rien n’est encore perdu. Nombreux jeunes poètes s’en inspirent encore. Mais certains d’entre eux, ciblant un public plus jeune, marient de manière lyrique « poésie et argots ».
Pour les jeunes poètes conservateurs, la poésie en elle-même est un art et comme tout art, elle doit savoir se décalquer de l’ordinaire. Ajouter de l’argot dans les vers ne fait ainsi que détruire le côté artistique de la poésie. Pour d’autres poètes, qui veulent atteindre un public plus jeune, les termes argotiques du quotidien permettent d’arriver facilement à ce but.
Tout est question de personnalité et de cible
C’est surtout dans le slam, une forme de poésie plus théâtralisée, que se rencontre souvent l’utilisation de mots argotiques et de jargons du quotidien. Une façon pour les poètes-slameurs d’arriver facilement à transmettre leurs messages au public, surtout aux jeunes. « Pour ma part, c’est tout à fait possible et cela ne change en rien la valeur artistique et le charme lyrique de la poésie », souligne Barry Benson, jeune poète-slameur, qui utilise cette forme de poésie plus « jeune ». Na Hassi, une jeune écrivaine slameuse, souligne la même chose. « Certes, je n’utilise pas d’argots dans mes écrits. Mais je trouve que c’est une façon originale, bien que hors du commun, de créer des vers avec des argots sans pour autant tomber dans la vulgarité ».
Selon Barry Benson, il est surtout question de personnalité de l’écrivain mais aussi du public ciblé. « Il est autant possible pour un écrivain de rester dans la forme traditionnelle que de basculer vers cette nouvelle tendance, pour parler plus aux jeunes », indique-t-il. Cependant, selon ce jeune poète, c’est l’écrivain qui risquerait d’y perdre sa personnalité s’il veut jongler entre les deux.
La poésie attire encore les jeunes
Riambola Mitia, jeune poète et président du Faribolana Sandratra, fait remarquer que le fait d’utiliser des argots détruit l’image même de l’art que revêt la poésie. « La poésie est un art, et se doit de refléter cette dimension, même dans le choix des mots que dans le choix des vers utilisés », souligne-t-il. Pour lui, si c’est dans le slam, qui est plutôt théâtralisé et qui vise les jeunes, ça peut passer.
Par ailleurs, selon ce jeune écrivain, le slam et la poésie dans sa forme traditionnelle attirent aujourd’hui les jeunes. Il n’est ainsi d’aucune utilité de marier la poésie avec l’argot, si le slam peut déjà le faire. « Il s’agit de deux mondes différents et de deux arts différents », souligne-t-il.