À Madagascar, le niveau d’instruction de la population est, de manière générale, marqué par la prédominance des personnes sans instruction : 21,5 % (selon le RGHP-3 de 2018). Pour les adultes, l’analphabétisme est pourtant un blocage plus que pesant, impactant même le quotidien. Â
Incapacité à faire des calculs, incapacité à lire ou à comprendre des contrats de travail, incapacité à écrire même leur nom, etc. L’analphabétisme constitue pour certains un problème ne permettant pas une meilleure évolution de leur vie. Cela tend même, pour certains parents, à causer des conflits intergénérationnels, notamment à l’âge où l’enfant recherche naturellement à s’émanciper.
« …mes employeurs m’ont arnaqué »
« J’ai changé de travail 5 fois en 3 ans, toujours en tant qu’homme à tout faire, parce que mes précédents employeurs m’ont arnaqué. Finalement, j’ai abandonné et je préfère travailler comme chercheur d’eau et être payé au jour le jour », explique Tantely. Aujourd’hui âgé d’un peu plus de 40 ans, Tantely vient de la région Vakinankaratra. Il est venu en ville pour chercher du travail. « Je suis issu d’une famille de 7 enfants et je n’ai pas été à l’école parce que nos parents étaient pauvres », souligne-t-il. Aujourd’hui, il travaille en tant que chercheur d’eau et fait les calculs de ses dus simplement par habitude ou plutôt automatisme.
« … ma fille en est complexée »
Une mère de famille, qui a préféré garder son anonymat, témoigne quant à elle du fait que cela cause quelque part un conflit intergénérationnel dans sa famille. « Contrairement à mon mari, je ne suis pas instruite. Je sais lire et écrire, mais je n’ai pas dépassé la classe primaire. Quelque part, ma fille en est complexée, ce qui fait qu’on a du mal à échanger », souligne-t-elle, poursuivant que pour les réunions de parent ou autres, sa fille préfère toujours que ce soit son père qui y va.
Cette mère de famille, autant que Tantely, ne cherche qu’une chose : pouvoir trouver le moyen d’apprendre pour changer la donne.
Des programmes en attente de subvention
« Aujourd’hui, en terme, d’alphabétisation pour les adultes, c’est dans la région Anosy à Betroka et Beraketa que des programmes sont fonctionnels en partenariat avec les Peace Corps », indique Jeannot Aimé Rakotonandrasana, Directeur de l’Éducation Non Formelle au niveau du Ministère de l’Éducation Nationale. Par ailleurs, des sites pour les centres de ressource en alphabétisation (CAR) sont déjà mis en place également dans d’autres régions : Androy, Atsimo Atsinana, Atsimo Andrefana, Menabe, Amoron’i Mania Ihorombe, Anosy, Atsinanana. « Nous sommes dans l’attente de subvention pour le fonctionnement de ces centres, ce qui devrait sortir pour cette année d’exercice 2021 », souligne-t-il.
Les cibles sont les personnes âgées de 15 à 45 ans, et pour cette année le programme visera les parents d’élève et les membres du FEFFI (Farimbon’Ezaka ho Fampandrosoana ny Fanabeazana eny Ifotony ou coopérative pour développement de l’éducation de base), en vue d’une remise à niveau pour une meilleure gestion de l’argent du FEFFI. C’est cette tranche qui est prise en charge par les CAR ou Centre de Ressource d’Alphabétisation. D’autre part, dans la région Anosy, notamment à Beraketa et Betroka, les centres d’alphabétisation déjà fonctionnels ont été mis en place grâce à un partenariat avec l’UNESCO. Ces centres sont même dotés de radios communautaires pour promouvoir l’éducation.
Le taux d’analphabétisme global dans tout Madagascar est aujourd’hui évalué à environ 28 %, dont 26 % pour les personnes âgées de 15 à 49 ans.