Voir une mère mendier avec un bébé dans les bras est une scène devenu banale sur les trottoirs de la capitale. Ces femmes connaissent pourtant la contraception, du moins celles qu’on a pu approcher.
« J’utilise les implants dans le bras », indique une sans-abri de 20 ans, mère de deux enfants, le premier âgé de 3 ans et demi et le second âgé de un an. Avec sa mère et sa progéniture, elle fait la manche à Antsahavola. « Mon mari et moi mendions, lance-t-elle. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir beaucoup d’enfants. C’est pour cela que j’ai choisi de faire de la contraception depuis que j’ai eu mon premier enfant ».Â
1 mois
Les femmes, même sans-abri, sont informées des produits de contraception. Une autre femme âgée de 28 ans qui utilise également les implants indique qu’elle a entendu parler de ce produit grâce aux campagnes de sensibilisation dans les rues. Malgré cela, la femme a quatre enfants : 10 ans, 7 ans, 1 an et 1 mois. C’est donc avec un bébé de un mois dans les bras qu’elle mendie du côté d’Antanimena. « Le CSB où je vais ne posait pas les implants durant le confinement. Maintenant, je me retrouve avec deux bébés que je dois allaiter », déplore-t-elle. « C’est vraiment difficile ». A côté d’elle, une autre sans-abri, cette fois de 26 ans, affirme également utiliser les implants, mais encore une fois avec un bébé dans les bras, et trois autres dans la nature, le premier ayant 9 ans.
Quoi qu’il en soit, parmi les méthodes modernes de contraception, les produits injectables sont les plus utilisés à hauteur de 65.9% d’après les chiffres du MICS 6 (Multiple Indicators Cluster Survey) de 2018 devant les implants, 16.3%. Le directeur de la santé familiale au sein du ministère de la Santé publique, le Dr Sylvie Tidahy, indique que l’implant a l’avantage de protéger sur une longue durée, trois ans, contre trois mois pour l’injection. Le médecin chef d’un CSB de la capitale indique que ce sont généralement les femmes qui viennent d’avoir un bébé qui utilise l’implant.
6.2 enfants par femme
Dr Sylvie Tidahy de préciser que les produits de contraception sont entièrement gratuits à Madagascar. « L’acte médical comme la pose de l’implant et l’injection peuvent toutefois être facturé », souligne-t-elle. Pour le cas de notre première interlocutrice, c’est 500 ariary la pose dans un centre privé.
D’après le dernier recensement, l’indice synthétique de fécondité à Madagascar est de 4.3 enfants par femme avec un plus haut de 6.2 dans l’Androy.