La RN6 qui relie Antananarivo à Antsiranana fait toujours jaser quand vient la saison des pluies. Cette année ne déroge pas à la règle au grand dam des usagers.
« Ça fait vraiment pleurer, lance un transporteur de marchandise. Si on fait normalement le trajet en trois jours, il faut en compter cinq actuellement ». Il indique que les points noirs se situent surtout entre Befotaka - Ambanja, Ambanja - Ambilobe et Ambilobe - Antsiranana. « Ce ne sont plus des nids de poule qu’on a sur la chaussée. Ce sont de véritables piscines », lance son patron qui rappelle la vidéo devenue virale sur Facebook montrant un transporteur nager dans l’un de ces immenses nids de poule.
Minimum deux jours en taxi-brousse
Même s’il indique être habitué de l’état de la route, il note une nette dégradation au fil des ans. « Si tu quittes Ambanja à 7 h du matin, tu arriveras à Ambilobe à 20h. Tu dois t’arrêter pour dormir car le trajet est éreintant. Tu reprends la route de bon matin ensuite pour finalement arriver à Diego en soirée », illustre-t-il. Il est à noter qu’Ambanja-Ambilobe c’est 100 km et Ambilobe-Antsirananana c’est 130 km. Son camion transporte pourtant diverses marchandises dans le nord de l’île dont beaucoup de produits de première nécessité. Si normalement il peut faire cinq voyages par mois, il ne peut plus en faire que deux en saison de pluie comme actuellement.
Même discours chez les taxis-brousse. « La RN6 ? C’est un calvaire », lance un chauffeur attendant son départ sur le tarmac de la gare routière d’Andohatapenaka. « Je dois partir tout à l’heure, peut-être vers 14h (jeudi). Je n’espère pas arriver à Diego avant samedi dans l’après-midi, là encore s’il n’y a pas de grands soucis sur le trajet comme un camion qui barre la route ou quelque chose comme cela ». Il indique qu’avant, il faisait le trajet en 24h.
Pas de hausse de tarif
La RN6 met également les mécaniques à rude épreuve, les premiers éléments impactés étant les amortisseurs. « Si un ressort devrait normalement durer jusqu’à six mois, il m’arrive de le remplacer après un mois. Ce n’est pas tout. L’eau s’infiltre partout. C’est comme si nous travaillions pour faire vivre les marchands de pièces détachées », se plaint le chauffeur de taxi-brousse. « Oui, les ressorts sont mis à mal. Mais pas que. Parfois c’est le réservoir qui est cassé, sans parler des différents tuyaux. J’ai même plus de pare-choc à l’avant », lance le camionneur.
Malgré tous ces problèmes, ni les transporteurs de marchandises, ni les taxis-brousse ne peuvent augmenter leur tarif. « Les gens ne veulent pas payer plus que d’habitude. De peur de perdre des clients, je préfère maintenir mes prix », indique le transporteur. « Le ticket reste pour l’heure à 70.000 ariary, mais je pense qu’il devrait être à 100.000 ariary », réagit pour sa part le chauffeur de taxi-brousse qui indique que c’est aussi difficile pour les voyageurs qui doivent prévoir plusieurs repas sur la route. « En plus du ticket, il faut prévoir un budget eau et repas entre 30.000 et 50.000 ariary », lance-t-il.Â