Alors que les nombres de cas et de décès liés à la COVID-19 ne cessent d’augmenter ces dernières semaines, l’attitude des Malgaches varie entre prise de conscience et déni. Si certains (re)commencent à craindre la maladie, d’autres en revanche continuent de vivre comme si la COVID-19 n’était pas là , considérant les gestes barrières comme « accessoires ».
Ça se rapproche de plus en plus », lance une Njara, une femme qui a perdu une cousine il y a quelques semaines et dont un autre cousin est actuellement en traitement. « On a prescrit à mon cousin le traitement de la COVID-19 bien qu’on ne soit pas encore sûr. Sa femme et lui sont pourtant le genre de personnes qui respectent scrupuleusement les gestes barrières », indique-t-elle. Notre interlocutrice avoue ne plus trop savoir que penser à propos de l’épidémie. « L’année dernière, c’est vrai que je ne prenais pas vraiment au sérieux la maladie. Mais là , avec le variant et tous ces décès, ça commence à trotter dans ma tête ». Elle déclare toutefois ne rien pouvoir y faire car son travail l’oblige à sortir souvent de la maison.
Indiscipline
Avec la hausse des cas, un changement de comportements est observé à Toamasina, le chef-lieu de la région où on a compté 24 nouveaux cas et un décès, selon les chiffres du 24 mars. Notre correspondant dans la ville du Grand Port, Prud’Homme Rakotoson a fait remarquer que de plus en plus de personnes ne sortent pas sans masque. « On est encore loin du compte mais un changement est palpable depuis quelques jours », lance-t-il, soulignant qu’entre temps il n’y a pas eu un renforcement significatif dans la surveillance des contrevenants aux gestes barrières. « Il y a plus de personnes qui mettent leur masque même en l’absence des forces de l’ordre ».
Aina, un père de famille habitant la capitale a, pour sa part, délibérément choisi de limiter autant que possible ses sorties. « Ça me fait vraiment peur. Le variant ne plaisante pas », glisse-t-il. Dans les rues, son attitude contraste pourtant avec de nombreuses personnes qui ne respectent pas les gestes barrières à commencer par le port du masques. Noëline, une femme médecin retraitée raconte s’être fâchée contre le gérant d’un cybercafé qui laisse entrer des clients sans masques. « C’est inconcevable. Même lui n’en mettait pas. Je l’ai menacé d’aller en parler au fokontany », s’insurge la femme.
Confinement ou pas ?
Devant justement cette indiscipline flagrante de nombreux Malgaches, certaines voix s’élèvent pour l’instauration d’un confinement. C’est le cas de Harimalala, une jeune femme qui, elle aussi, a déjà perdu un proche à cause du variant et trois autres, lors de la première vague. « Pour moi c’est triplement oui, lance-t-elle. Je suis pour un confinement, le temps que la chaîne de propagation du coronavirus s'arrête. Je pense d’abord à mon entourage ». Elle affirme craindre particulièrement le variant, dans la mesure où elle estime qu’il n’y a rien de garanti dans les tests actuels. « Je connais trop de gens qui sont négatifs au PCR et au TDR mais au scanner, c'est la cata totale ! Sans oublier que personne n'explique réellement les symptômes par voie officielle. On apprend via nos propres recherches, mais il y a tellement d'infos sur le net qu'on ne sait plus faire la différence entre le vrai et le faux », déplore-t-elle. Le ministre de la Santé Jean-Louis Rakotovao a effectivement évoqué des personnes qui présentent des symptômes mais qui sont négatifs aux tests.
De son côté, le chef d’entreprise Rivo Rakotondrasanjy, également administrateur de la page Facebook « Débattons de la Relance économique », a toujours été contre le confinement. « Le confinement n’est pas une solution. C’est juste un réconfort psychologique contre la psychose de certains », lance-t-il, en avançant que les statistiques publiées n’ont jamais été exhaustives. « Donc on ne peut pas dire si ça a baissé ou augmenté depuis », assène-t-il. Rivo Rakotondrasanjy toutefois de reconnaître l’indiscipline des Malgaches. A la place du confinement, il avance le renforcement du contrôle des allées et venues sur la place publique. « Mais malheureusement, l'Etat n'a pas les moyens de faire plus », admet-il.  Â