L’annonce du trajet du cortège funèbre de l’ancien président n’a pas manqué de réunir des gens tout le long. Didier Ratsiraka s’est vu offert un ultime bain de foule, avant d’être déposé au Mausolée, un 29 mars. Tout un symbole.
« Je me devais d’être ici. Je me devais de lui rendre un dernier hommage », lance une femme de 64 ans, qui attendait patiemment à la sortie du Palais d’Iavoloha, où s’est tenue la cérémonie d’adieu à l’ancien président. Comme la jeune République de Madagascar, elle aura pratiquement eu Didier Ratsiraka comme président durant près d’un tiers de sa vie, l’Amiral ayant été à la tête du pays pendant 23 ans. Une foule mêlant nostalgiques mais également des badauds a commencé à s’amasser sur le trajet du cortège annoncé par l’exécutif, la veille. Au passage de la voiture transportant le corps, chacun essayait d’apercevoir le cercueil à l’arrière d’un pickup de l’armée, entourée par six officiers de la marine, en tenue d’apparat, faisant signe de la main pour certains, lâchant un « au revoir » pour les autres. Une femme a même éclaté en sanglot parmi la foule au niveau de la bifurcation vers Ambohimiandra. « Il est parti ! Il est parti ! », crie-t-elle, après le passage de l’Amiral.Â
Rombo !
Sur le By-pass, au niveau de la sortie vers Ankadimbahoaka, le député Paul Bert « Rossy » Rahasimanana, a organisé un petit comité d’accueil avec sa troupe de musiciens. « Andeha hody ny Amiraly e (L’Amiral va rentrer chez lui), Didier Ratsiraka ! », ont-ils notamment chanté sur une note de vakisôva. Soutien indéfectible de l’ancien président, notamment lors de la crise politique de 2001, Rossy a décidé de l’honorer à sa manière, avec « le peuple », une manière de rappeler la popularité d’antan de « Deba ». Cela a bien évidemment contrasté avec la solennité de la cérémonie, qui s’est tenue dans la cour d’honneur du Palais d’Iavoloha et au Mausolée. C’est un peu à l’image du personnage, militaire dégageant une certaine fermeté, aussi bien dans les gestes que dans le regard, mais avec une capacité à saisir et à haranguer la foule. On se rappelle notamment de son légendaire « Rombo ! ».
Le cortège est arrivé vers 15h45 à Avaratr’Ambohitsaina. La foule était encore plus compacte à l’extérieur du site. Seuls la famille et les officiels ont été autorisés à assister à l’événement. Des chants ont accompagné le cercueil de la voiture au portail du Mausolée. La cérémonie sur les lieux fut rapide, le temps de placer le corps dans le monument funéraire. Le président de la République Andry Rajoelina a, pour sa part, déposé une gerbe. Ainsi s’achève le périple de celui qu’on a surnommé Deba, homme politique incontournable de l’histoire du pays.