Face à la deuxième vague de COVID-19, qui paraît être plus forte que la précédente, la panique gagne la population. Chacun essaie de trouver des moyens de s’en protéger, les longues files devant les pharmacies, les officines de remèdes traditionnels ou les CSB en témoignent. Face à cet affolement, des business se créent, des spéculations se font… au prix de la vie des autres.
Il y a une année, au tout début de la pandémie, ce fut la flambée des prix des masques. En seulement quelques jours, le stock des pharmacies s’est épuisé, amassé par des revendeurs qui, face à la panique, n’avaient pas froid aux yeux de revendre une pièce à deux, voire trois fois son prix normal. Aujourd’hui, c’est au tour du remède ED1, des médicaments en pharmacies, mais aussi des bouteilles d’oxygène et des concentrateurs.
La queue dans les pharmacies
Depuis qu’il a été décrété que le protocole COVID-19 peut être acheté en pharmacie, les longues files n’en finissent pas. Par ailleurs, les familles de malades traités dans les CSB et les centres hospitaliers se plaignent de devoir payer des médicaments qui, normalement, devraient être entièrement gratuits. Face à cela, le conseil des ministres du 7 avril prévoit des mesures de suivi et de sanctions pour les responsables qui vendent les protocoles de traitement de la COVID-19, au niveau des centres de traitement.
« Le manque d’information, ou plutôt le manque de clarté dans les informations qu’on donne à la population est sans doute la raison de cela », souligne une jeune femme, qui a été au CSB II pour avoir les traitements de la COVID-19. « Je n’ai pas eu le traitement, on m’a demandé de passer d’abord par un test, pourtant la fatigue ne me permettait plus de faire le trajet. J’ai donc préféré passer par un médecin privé pour avoir l’ordonnance et acheter les médicaments en pharmacie », souligne-t-elle.
La course à l’ED1
Des témoignages de personnes qui l’ont utilisé, semblerait-il, ont largement influé sur la confiance qu’ont les Malgaches en ce dit remède miracle qu’est l’ED1. Les rumeurs sur une interdiction de vente et sur l’arrestation du professeur, qui en est l’auteur, ont également propulsé ce produit dans le top des remèdes à avoir pour vaincre la COVID-19.
Comme il est devenu plus difficile d’en trouver, des personnes sans scrupules ont profité de la situation pour basculer vers les contrefaçons, vendues parfois même à 30.000 ariary, à ceux qui ne savent différencier le vrai du faux. D’autre part, certains se sont procurés des quantités pour en revendre. Au départ vendu par ces soi-disant samaritains à 25.000 ariary soit 5.000 ariary de plus que le prix normal, le flacon se vend aujourd’hui à 40.000 ariary.
« C’est triste que même les personnes en qui on avait confiance peuvent profiter de notre faiblesse », soupire Lalaina, une jeune femme qui, après avoir passé commande auprès d’un ami et attendu 3 jours, a eu la mauvaise surprise d’un remboursement soudain parce que le prix aurait semble-t-il doublé. Par peur de contracter la COVID-19 en faisant la queue au milieu d’une foule incertaine, elle préfère débourser la somme.
Le marché grandissant des soins à domicileÂ
D’une part, les centres de traitement affichent complet. Par ailleurs, certaines familles préfèrent être au chevet de leur malade et optent pour des soins à domicile. Une aubaine pour des paramédicaux qui proposent des consultations ou des soins à domicile. Selon les témoignages d’une personne qui souhaite préserver son anonymat, « Il faut compter dans les 30.000 ariary pour engager les services d’un paramédical qui travaille à son compte, et entre 40.000 et 50.000 ariary si ce dernier a été trouvé via une agence.
Même l’air se paie au prix fort
Si en temps normal, un concentrateur d’oxygène est loué entre 20.000 ariary et 40.000 ariary par jour, la pénurie a fait grimper ce prix jusqu’à 250.000 ariary. Un prestataire, qui loue des concentrateurs d’oxygène, témoigne de la forte demande. Ils reçoivent plus de 50 appels par jour pour louer des concentrateurs d’oxygène.