Plusieurs maux touchent le monde de la presse malgache. Des maux exacerbés par la situation sanitaire qui dure depuis plus d’un an. Les acteurs du secteur s’accordent à dire que la presse malgache est en crise.
Poings et plumes liés
« Il n’est jamais passé dans l’esprit de ce régime d’entraver la liberté de la presse », déclare Fetra Rakotondrasoava, directeur de la régulation des médias au sein du ministère de la Communication et de la culture lors d’une table ronde virtuelle organisée par l’Unesco à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. Si dans le giron du pouvoir la liberté est acquise, la réalité est plus incommodante pour les journalistes. Entre complaisance et fronde poussées à l’extrême. Voilà un mal qui ronge le journalisme depuis quelques décennies. Sur le terrain, les journalistes doivent souvent se plier à une ligne éditoriale dictée par les intérêts des patrons de presse. Intérêts économiques mais surtout politiques. Dans les faits, cela laisse peu de place à l’information, la vraie, celle à travers laquelle le citoyen nourrit son opinion. « Le rôle du journalisme est d’éclairer les citoyens dans les sujets », rappelle le journaliste politique de l’Express de Madagascar Garry Ranaivoson. « Il revient aux citoyens d’analyser les informations pour prendre des décisions », indique pour sa part le président sortant de l’ordre des journalistes malgaches Gérard Rakotonirina devant la stèle de l’OJM ce jour.
Mutisme
Autre éternel problème des journalistes est l’accès à l’information. « Les journalistes n’ont que des bribes d’information de la part des sources », se plaint Garry Ranaivoson, rendant encore plus ardu la tâche des journalistes de fournir des contenus complets au public. Pour lui, cette situation est une porte ouverte aux rumeurs et aux fake news. « Il est difficile pour les journalistes de confirmer ou d’infirmer les rumeurs à cause du manque d’information ». Ketakandriana Rafitoson de la Transparency International – Initiative Madagascar, à l’origine du magazine d’investigation Malina indique que la difficulté d’accéder à des informations s’est accentuée durant la pandémie. Un journaliste de Morondava qui a également participé à la table ronde se plaint du mutisme des responsables locaux face aux journalistes. Il explique qu’il faut souvent attendre des informations des autorités centrales pour des sujets locaux. Dans ce sens, on attend beaucoup de la nouvelle loi sur l’accès à l’information dont la promulgation est souhaitée entre autre par Ketakandriana Rafitoson
Sinon, sur la question de la pérennité des organes de presse, la COVID-19 a laissé des traces dans les différents desks. Comme les autres entreprises, les organes de presse ont dû s’adapter à la baisse des revenus. Certains ont eu recours au chômage technique, à la diminution de salaire ou à des compressions de personnel. D’autres ont même dû mettre la clé sous la porte comme le souligne le journaliste de Morondava.
A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, Gérard Rakotonirina, en compagnie de quelques journalistes, a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle de l’OJM en la mémoire des confrères qui ont succombé de la COVID-19.
Tolotra Andrianalizah