Jour J pour le coup d’envoi de la vaccination contre la COVID-19 à Madagascar. Les premiers malgaches recevront une première injection de Covishield aujourd’hui. Il est intéressant de voir la communication gouvernementale autour de la campagne dans les prochains jours. Le vaccin recevra-t-il la même attention que le CVO ?
Un peu moins de deux mois s’est écoulé entre le changement de discours du gouvernement par rapport au vaccin et l’injection des premières doses ce jour. En effet, face à l’augmentation des cas et une pression tous azimuts, les autorités ont dû se résoudre à envisager la vaccination. Le non catégorique du début de l’année s’est ainsi mué en une phase d’observation à la mi-mars pour finir avec l’annonce de l’arrivée des premières doses dans le courant du mois d’avril.
Volte-face
Les partenaires techniques et financiers dans le cadre de l’initiative COVAX qui a permis l’expédition des vaccins ont félicité le gouvernement pour cette décision. La représentante résidente de l’OMS Charlotte Faty Ndiaye estime que la vaccination est un moyen essentiel pour le contrôle de la maladie. « Lorsque nous vaccinons, nous célébrons la vie », a-t-elle lancé ce jour à au CHUJRA Ampefiloha. Evoquant une étape historique dans l’engagement dans la lutte contre la COVID-19, le coordinateur résident des Nations Unies Issa Sanogo qualifie quant à lui l’arrivée des vaccins à Madagascar de lueur de l’espoir.
Pas question cependant pour le gouvernement de laisser le CVO dans l’ombre. Lors de son allocution à la réception des premières doses, le ministre de la Santé Jean Louis Rakotovao n’a pas manqué, une fois de plus, de vanter les mérites du remède traditionnel amélioré qui selon lui a permis de limiter les formes graves parmi ceux qui l’ont pris. Il a poursuivi que le vaccin s’ajoute à l’arsenal thérapeutique déjà en place dans le pays. Â
Communication
La question est de savoir si le gouvernement va faire preuve du même entrain qu’avec le CVO pour la promotion du vaccin. Au moment du lancement du remède l’année dernière, plusieurs personnalités du pouvoir étaient au rendez-vous, n’hésitant pas à avaler une lampée devant les photographes. Il serait intéressant de voir si des membres du gouvernement vont donner de leur corps pour inciter la population à aller se faire vacciner comme il se fait dans les autres pays. En tout cas, le ministre Jean Louis Rakotovao s’est prêté au jeu en se faisant vacciner devant la presse tout comme le très médiatique Dr Manitra Rakotoarivony directeur de la Promotion de la santé auprès du Ministère de la Santé Publique.
A noter que le président de la République Andry Rajoelina n’était présent ni à la réception des vaccins à Ivato samedi ni ce jour au CHUJRA pour le lancement de la campagne. Pour les deux occasions, il a été représenté par son directeur de cabinet civil. Pour rappel, le locataire d’Iavoloha a été catégorique au mois de mars en indiquant qu’il ne se fera pas vacciner. A la question s’il va ou non convaincre le président de se faire vacciner, le ministre a répondu que c’est son choix en insistant que la vaccination n’est pas obligatoire.
Quoi qu’il en soit, les agents du ministère de la santé se veulent rassurants quant aux risques d’effets secondaires à l’image des interventions télévisées du directeur général de la Médecine préventive Dr Fidiniaina Mamy Randriatsarafara qui s’est d’ailleurs également fait vacciner aujourd’hui.Â
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La balle est dans le camp des citoyens. Une source auprès d’un service au sein du ministère de la Santé publique a fait savoir que l’engouement n’était pas au rendez-vous au moment de s’inscrire à la liste des bénéficiaires du vaccin. « Dans notre service, seule la moitié s’est inscrite. Beaucoup préfèrent attendre avant de prendre une décision », souligne la source.   Â