On connaît tous les symptômes classiques de la COVID-19. Fièvre, toux, perte du goût et de l’odorat, fatigue… mais l’ultime symptôme qui fait que ce virus est mortel, c’est la détresse respiratoire. Un symptôme qui implique une prise en charge urgente en termes d’assistance respiratoire, un vrai luxe pour une catégorie de malades à Madagascar…
Les différents niveaux de prise en charge selon l’apparition des symptômes
« Tant qu’il n’y a pas de détresse respiratoire, il n’y pas d’urgence ». Ce sont les mots d’un médecin joint par téléphone et qui a souhaité préserver son anonymat. En effet, toujours selon lui, « le traitement à domicile est conseillé en l’absence de détresse respiratoire, car non seulement cela permet au patient de vraiment s’isoler, mais aussi de désengorger les hôpitaux ». En d’autres termes, les symptômes primaires tels que la toux, la fièvre, la perte du goût et de l’odorat sont parfaitement traitables à domicile sous la vigilance et l’assistance d’un médecin et/ou d’un(e) infirmier(ère). En effet, suivre un traitement à la COVID-19 à domicile ne signifie pas « faire de l’automédication ». Le protocole de traitement reste le même que celui appliqué dans un cas d’hospitalisation outre l’assistance respiratoire permanente. Â
Tout est une question d’argent
Les patients qui ont les moyens de louer un concentrateur d’oxygène dont le coût varie entre 150.000 Ariary à 300.000 ariary par jour peuvent se permettre de se faire assister par un médecin à domicile. Autrement dit, suivre l’intégralité du traitement chez soi est parfaitement possible, car c’est tout simplement une question d’argent. Aina l’a fait. « Quand j’ai commencé à avoir des difficultés à respirer, nous avons contacté le médecin de famille. Mon mari s’est procuré un concentrateur d’oxygène, suite à une annonce vue sur les réseaux sociaux et je suis restée sous assistance respiratoire permanente pendant 11 jours, étant isolée dans la chambre conjugale pour éviter de contaminer les enfants », indique cette jeune mère de famille de 37 ans. « Aujourd’hui, je me suis complètement rétablie, mais nous avons dépensé dans les 4 millions d’ariary pour en arriver là  », souligne-t-elle.
À Madagascar, se faire hospitaliser… malgré soi
À la vue de la gratuité des soins dans les hôpitaux, le médecin que nous avons interviewé indique qu’« environ 40% des patients qui intègrent les hôpitaux et les centres de traitement CTC-19 choisissent de se faire hospitaliser, car ils n’ont pas les moyens financiers de s’acheter les médicaments et de se faire traiter à domicile», ce malgré le fait qu’ils ne présentent aucune forme grave, mais juste les symptômes primaires. Toujours selon la même source, « les 60% restants présentent vraiment l’ultime symptôme qu’est la détresse respiratoire et une forte dyspnée, due à l’hypoxie ou au manque considérable d’apport en oxygène ». C’est notamment le cas de Vololona, une mère de famille de 54 ans hospitalisée dans l’un des CTC-19 de la capitale qui partage sa situation : « mon salaire mensuel de lessiveuse équivaut à 30.000 Ar. C’est la raison pour laquelle mes enfants ont décidé de m’emmener directement à l’hôpital dès l’apparition des premiers symptômes, car le prix du magnésium, un des fortifiants indispensables dans le protocole de traitement coûte 35.000 ariary la boîte soit 5000 ariary de plus que mon salaire, vous imaginez ? Il s’agit là d’un seul médicament ». Si les patients comme Vololona présentent soudainement une détresse respiratoire, le fait qu’elle suive le traitement à l’hôpital permet d’éviter le pire et de combler ses besoins en apport en oxygène au bon moment.