Les relents du régionalisme sont toujours palpables dans la société malgache. Un moyen de faire évoluer les mentalités est le voyage. Voyager, même dans le pays, est pourtant un luxe que peu de Malgaches peuvent se permettre.
« Voyager est fatal aux préjugés, à l’intolérance et à l’étroitesse d’esprit », disait l’écrivain Mark Twain. Le chercheur anthropologue Zinaha Raharinirina est du même avis. « Lorsqu’on ne voyage pas, on ne découvre pas ce qui se fait chez les autres », lance-t-il. L’universitaire de poursuivre que l’absence de voyage favorise l’ethnocentrisme, avec la pensée que seuls ses mœurs comptent, ajoutant que le côté insulaire des Malgaches favorise cette mentalité. Il fait, par ailleurs, remarquer que les Malgaches voyagent de moins en moins essentiellement, faute de moyens. « Le coût de la vie fait qu’on est moins enclin à voyager. D’un autre côté, les parents sont également plus protecteurs qu’avant. On va de moins en moins à la campagne et peu de parents veulent que leurs enfants aillent en voyage d’étude », explique-t-il. Zinaha Raharinirina avance pourtant qu’il est important de voyager dès l’enfance. « Dans ce sens, les vacances sont particulièrement utiles. Il est difficile de casser les préjugés une fois à l’âge adulte », indique-t-il.
Echanges
Grâce à son travail, le photographe Iako Randrianarivelo fait partie de ces Malgaches qui ont la chance de voyager souvent dans le pays pour son travail. « C’est très instructif. J’ai découvert que ce qui est vrai chez moi ne l’est pas forcément dans une autre région », lance-t-il, en précisant l’importance des échanges durant les voyages. « Cela ne sert à rien de s’enfermer à l’hôtel. Discuter avec les gens favorise la compréhension mutuelle », ajoute-t-il. Les échanges ne se font pourtant pas systématiquement durant les voyages, souligne Zinaha Raharinirina, qui prend exemple sur certains Tananariviens qui restent entre eux une fois à Mahajanga ou à Toamasina, endroits de villégiature privilégiés des habitants de la capitale.
Tolotra Andrianalizah