Les Zafimaniry. On pense les connaître mais qu’est-ce qu’on sait vraiment d’eux au-delà de leur savoir-faire du travail du bois ? Deux bédéistes ont la tâche d’apporter de nouvelles facettes, peut-être plus actualisées, de ce peuple, niché dans les dédales des montagnes de l’Amoron’i Mania, du côté d’Ambositra.
« Les Zafimaniry sont proches de l’Alliance française d’Ambositra mais peu de gens connaissent vraiment ce peuple aussi bien parmi les apprenants que les habitants de la ville, lance la directrice de l’Alliance française d’Ambositra, Margaux Nemmouchi. On a trouvé intéressant d’aller en pays Zafimaniry pour créer un support pour permettre à tout le monde d’en savoir plus sur ce peuple dont le savoir-faire du travail du bois est classé au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco ». La bande-dessinée est le support choisi par l’Alliance française à cet effet. Pour Margaux Nemmouchi, c’est le meilleur moyen de transmettre le message avec beaucoup d’images et peu de texte.
Les bédéistes Sleeping Pop et R-aly ont été sélectionnés pour le projet. Après un trek-immersion de cinq jours au pays des Zafimaniry, ils sont actuellement en résidence artistique à Ambositra jusqu’au 30 juillet pour la réalisation des planches. D’après la directrice de l’Alliance, l’idée est vraiment de déconstruire l’imaginaire qu’on a des Zafimaniry. « On ne pense pas essentiellement aux autres pans de leur culture ou des autres aspects de leur vie quotidienne », explique-t-elle.
Découverte
Les artistes, qui découvrent le pays Zafimaniry, parlent d’un séjour enrichissant. « Le dépaysement est total. Il y a d’abord le fait de faire les trajets à pieds et puis le fait de voir les maisons », indique R-aly, particulièrement intéressé par les symboles Zafimaniry. « Je me suis toujours posé la question de ce qui se trouve derrière ces montagnes et ces collines de la RN7. Je suis servie », réagit pour sa part Sleeping Pop, qui a toujours voulu découvrir Madagascar loin des sentiers battus. « On parle beaucoup des Zafimaniry, mais une fois ici, c’est vraiment autre chose », ajoute-t-elle, évoquant notamment l’absence d’arbre, l’une des réalités dans laquelle vit le peuple. Dans la BD, elle compte retranscrire ce qu’elle a ressenti durant son séjour, sa déception par rapport à la forêt, les échanges qu’elle a eu avec les gens des villages visités. « Spirituellement, j’ai beaucoup reçu de la part du peuple Zafimaniry ». R-aly, pour sa part, compte partir dans un récit fantastique basé sur les symboles et la culture Zafimaniry.
Rendez-vous en septembre à l’Alliance française d’Ambositra pour découvrir les premiers fruits du travail de ces bédéistes à travers une exposition des planches avant l’édition proprement dite de la BD. Â
Tolotra Andrianalizah/Mampianina Andria