Les Zafimaniry sont uniques de par leurs cultures. Avec 400 ans d’existence, les temps ont changé pour ce peuple, réputé pour l’art de la sculpture du bois.
Quand on dit Zafimaniry, on évoque tout de suite la sculpture et le travail de bois. En effet, c’est un peuple qui entretient un lien particulier avec la forêt, déjà par son milieu géographique. Les Zafimaniry sont en fait des Betsileo habitant dans la forêt de l’Est d’Ambositra. La légende raconte que ce sont des descendants de Ratsimaniry, un noble merina venant d’Ankazobe qui n’a pas accepté l’unification d’Andrianampoinimerina. Ainsi, il a préféré se retirer vers le sud, passe par Imady, Ambositra puis s’est installé dans la forêt de l’Est. Cette légende leur a valu leur appellation « Zafin-dRatsimaniry » ou « les descendants de Ratsimaniry ».
Aujourd’hui, la communauté s’installe sur six communes : Antoetra, Ambohimitombo 1 et 2, Ankazotsaravina, Ambinanindrano et Vohidahy. Les habitants de ces deux dernières communes se mélangent plus ou moins avec les Tanala et les Betsimisaraka. Leurs habitations, traditionnellement en bois et collés au sol,  sont perchées sur les collines. Leur lien avec la forêt renferme toute une culture et tradition. Mais au fil des temps, leurs manières de vivre ont changé.
Défrichement de la forêt
Le premier changement concerne l’environnement. Le bois est la principale matière première dans toute activité à l’exemple de la construction de maison. Les Zafimaniry ont exploité les forêts à travers la sculpture pour la fabrication de divers matériels et objets quotidiens : couteau, coffre, chaise, Kapeky ou briquet Zafimaniry etc. Des activités perpétuées de génération en génération. La culture sur brulis est aussi pratiquée pour la culture de maïs et de haricot, constituants leurs plats traditionnels. A cause de cette exploitation, on assiste aujourd’hui à un défrichement intensif et la forêt Zafimaniry n’est plus. Les activités de sculpture se raréfient.
Culture du riz
Le changement s’opère aussi au niveau de l’agriculture. La région se trouve sur une zone à haute altitude (environ 1400 m), la région se caractérise par un climat froid, humide et brumeux.  C’est une situation géographique qui n’est pas propice aux activités agricoles, surtout pour la culture du riz. D’ailleurs, cela leur a valu la deuxième signification de « Zafimaniry » ou « Zafy maniry vary » signifiant que c’est un peuple qui a toujours voulu cultiver du riz. Mais dû au changement climatique, la température de la région a pris une légère hausse. Depuis trois ans, les habitants se mettent à la culture du riz. Cependant, c’est seulement une culture de subsistance et non destinée à la commercialisation. Il s’agit du riz qui approvisionne la région venant des Betsileo d’Ambositra.
Maison typique Zafimaniry
Un village Zafimaniry se distingue aussi par l’architecture de ses maisons en bois et les toits en couche de bambou. Leur savoir-faire se démarque par le non-usage de clou, de vis ou d’autres charnières. Les bois sont assemblés par chevillage avec tenons et mortaises, une architecture renforçant les maisons malgré les tempêtes. Les fenêtres et portes sont aussi sculptées minutieusement. Mais les villages se métamorphosent petit à petit, par exemple à Antoetra, des maisons en briques commencent à s’aligner avec les maisons traditionnelles. D’ailleurs, c’est le village le plus accessible et le plus ouvert aux touristes. Il se trouve à environ 40 km d’Ambositra. Les autres villages ne sont accessibles qu’à marche, en sillonnant des chaînes de montagnes. Tel est aussi l’exemple des maisons à Sakaivo, également un village accueillant des touristes. On peut y voir des maisons avec des toits en tôles. Néanmoins, des villages comme Kidodo préservent les maisons traditionnelles.
Malgré le défrichement de la forêt, chaque fokontany essaie actuellement de planter des arbres comme les bois précieux. Des arbres qui ne seront exploitables qu’après 50 ans et plus. Ainsi, ce sera destiné à la génération future. La diversification des activités reste la solution pour la survie de ce peuple.
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Chrijaux fait partie des 18 guides locaux de la commune Antoetra. Les jeunes Zafimaniry ne sont pas que des sculpteurs ou des agriculteurs. Le métier de guide local est promu depuis l’an 2000, surtout depuis que l’art des Zafimaniry a été proclamé en tant que patrimoine mondial immatériel par l’UNESCO en 2003.
Ces jeunes guides locaux ont suivi des formations en tourisme avec la Formaprod, l’UNESCO et l’association Iray. Depuis le confinement, la situation est difficile pour eux. « Nous souhaitons une collaboration avec les guides régionaux pour qu’on puisse participer aux activités touristiques afin de nous professionnaliser et acquérir plus de légitimité. Jusqu’ici, nous appliquons notre polyvalence en tant que pisteur ou porteur », raconte-t-il.
Mampianina Randria