1954, l’Abbé Pierre lance un appel devant le spectacle que lui offrent les sans-abris de Paris qui dorment dehors, une nuit de 1er février. Certes, il ne fait pas -15°C à Antananarivo, mais les températures peuvent descendre bien bas les nuits d’hiver. Des hommes, des femmes et des enfants, affrontent ce froid dehors dans des abris de fortune, qui pour certains, sont leur foyer.
« ça caille grave ! » lance un sans-abri qui a élu domicile à Ambatomena. Depuis un an et demi, il a construit un abri de fortune sur le bas-côté de la chaussée où il vit avec sa femme et ses deux enfants de 7 et 4 ans. « C’est difficile en hiver. On fait de notre mieux pour protéger les gosses en les couvrant au maximum avec les couvertures qu’on a », indique-t-il. L’abri, il l’a construit avec du bois ramassé ci et là et du plastique comme coupe-vent. En guise d’isolant, il utilise du carton mais d’après lui, cela ne suffit pas quand il fait vraiment froid.
Une réalité glacée et glaçante
Notre interlocuteur pourvoit à sa subsistance en grappillant de l’argent aux automobilistes qui se garent de ce côté. « Nous avons décidé de vivre ici car c’est plus près de notre gagne-pain », explique-t-il. Il affirme ne pas vouloir aller dans les centres d’hébergement de la commune à cause de la promiscuité. « Ce n’est pas possible. On y est pratiquement les uns sur les autres dans le centre à Isotry », lance sa femme qui profite des derniers rayons de soleil de la journée sur le bord de la chaussée. Son mari indique, par ailleurs, qu’en se mettant à l’abri des regards sur les contreforts de la colline, ils sont épargnés par les agents de la commune. « Ils nous avaient chassés lorsqu’on vivait encore là  », raconte-t-il, pointant du doigt le trottoir adossé aux murs du cinéma Roxy. « Ils avaient emporté tout ce qu’on avait dont les marmites dans lesquelles on faisait nos repas », se rappelle-t-il, une pointe de rancœur dans la voix.
La situation de cette famille n’est pas un cas isolé dans la capitale. Sur le bord de l’avenue, quand vient le couvre-feu, des jeunes garçons essaient de se protéger du vent sur les colonnes des arcades, l’intérieur leur étant interdit. Se couvrant de ces grands morceaux d’emballage en plastique, ils se réunissent en tas pour se garder au chaud.
Tolotra Andrianalizah