Les jeunes sont l’avenir dit-on. Mais à quelle jeunesse confier cet avenir dans la mesure où, d’une manière générale, les jeunes semblent être déconnectés de la vie publique ?
« La politique et les jeunes ? Ce n’est pas une longue histoire d’amour, lance d’entrée Tsimihipa Andriamazavarivo de l’ONG Tolotsoa avec son humour caractéristique. Ce qu’il y a c’est que les jeunes ont marre de la politique ». Ce « désamour », comme il le qualifie, se manifeste par la participation aux élections. « Le nombre d’électeurs a augmenté mais le nombre de votants est resté le même depuis 92. Cela veut dire que les nouveaux électeurs ne votent pas et en grande partie, ce sont des jeunes », indique-t-il. Pour lui, l’explication réside dans le fait que les jeunes n’arrivent plus à voir le lien entre les pratiques politiques actuelles et leur vie de tous les jours. « Il ne faut pas oublier que si le pays est comme ça c’est à cause de la politique et ce n’est qu’en changeant la politique qu’on peut rétablir tout ça », explique-t-il, en ajoutant que pour changer la politique, il faudra que les jeunes prennent en main leur avenir. Â
Mais comment ? Pour Tsimihipa Andriamazavarivo il n’est pas normal que la participation politique à Madagascar ne soit réduite qu’au vote. « Cela veut dire qu’on ne jouit de notre droit politique qu’au moins une journée tous les 5 ans », lance-t-il. Il ajoute qu’il y a plusieurs manières de participer à la vie publique. « Il y a le fait de s’exprimer, de participer à des débats, d’écrire un blog, … voire d’acheter local. Il y a des actes politiques qu’on minimise ». Il est toutefois conscient que les jeunes doivent, en quelque sorte, réapprendre tout cela d’autant plus que l’éducation civique a disparu des programmes scolaires depuis quelques générations. « Une des conséquences c’est la sphère civique et citoyenne qui se réduit », résume-t-il. Â
Baroci
De son côté, Hery Rason d’Ivorary indique que la société civile vise à raviver l’engouement par rapport à la vie publique. « Une fois qu’on commence à perdre la confiance citoyenne, c’est tout le système qui s’effondre et c’est d’ailleurs la traduction du système national d’intégrité où la confiance citoyenne est à la base », explique-t-il. Il ajoute toutefois que la participation citoyenne des jeunes se retrouve actuellement sur les réseaux sociaux. D’après, lui, il est possible de capitaliser là -dessus. Mais pour cela, la société civile fait l’effort d’intéresser les jeunes et les citoyens en général à la vie publique. C’est dans ce sens que le projet Baroci (Baromètre Citoyen) a été lancé. Il s’agit d’un baromètre pour évaluer les réalisations des promesses électorales. Sur une initiative d’Ivorary, en partenariat avec Tolosoa et appuyé par l’Agence français de développement, le projet vise à évaluer les promesses électorales en vue de faire respecter l’accès à l’information, la transparence la redevabilité et la participation citoyenne.
Tolotra Andrinalizah