Les financements pour les recherches à Madagascar sont dérisoires au regard du budget alloué au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le pays est encore loin de l’objectif de l’Union africaine qui a fixé à 1% du PIB les dépenses en Recherche et Développement.
La mention « recherche scientifique » dans la dénomination du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique semble être un bien grand mot au vu du financement destiné à la recherche à Madagascar. « Normalement, il devrait y avoir un budget pour la recherche, mais actuellement, l’argent alloué à l’université n’est utilisé que pour le fonctionnement », déplore le directeur de la recherche à l’Université d’Antananarivo, la professeure Lalarivelo Ravaomanarivo.
Le cas de Madagascar est symptomatique de ce qui se passe en Afrique, notamment dans la région subsaharienne. D’après les chiffres de l’Unesco, les pays d'Afrique subsaharienne ne consacrent que 0,5 % du PIB à la recherche et au développement, un pourcentage qui s’élève à 3% dans les pays occidentaux. Selon les données les plus récentes de la Banque mondiale, Madagascar a consacré 0.02% de son PIB à la recherche en 2014. L’Union africaine s’est pourtant fixé l’objectif d’augmenter les dépenses en recherche et développement à 1% à l’horizon 2025.
Utile
La tendance n’a pas changé au regard de la loi de finances où le fonds alloué au ministère de tutelle reste dérisoire. L’engouement pour les fruits des recherches malgaches, l’année dernière, sur fond de pandémie ne s’est donc pas traduit par une hausse substantielle de budget. Il y a eu pourtant euphorie autour des plantes médicinales, qui ont mis sur le devant de la scène les chercheurs malgaches. L’année dernière, toujours en pleine crise sanitaire, des jeunes ont présenté un respirateur non-invasif et au salon FIER-Mada, les visiteurs ont pu découvrir des innovations en matière d’équipements de cuisson.
La professeure Lalarivelo Ravaomanarivo est convaincue de l’utilité des découvertes scientifiques. Elle souligne qu’il y a actuellement un début de valorisation des résultats de recherches. Elle qualifie ainsi de reconnaissance le fait que l’Office national de nutrition utilise une farine infantile découverte par des chercheurs malgaches. « Il y a aussi les recherches sur le moringa. Avant on ignorait les résultats des recherches », souligne-t-elle. Elle martèle toutefois que le financement est réellement problématique. « Avant il y avait un projet dénommé FADES qui permettait de financer des recherches. On a besoin d’initiatives comme cela », ajoute-t-elle. Le FADES ou Fonds d'appui au développement de l'enseignement supérieur a permis de soutenir 45 projets de recherche appliquée et 13 projets d’études et recherches dans le domaine social et de l’éducation entre autres peut-on lire dans le document « Stratégie nationale de la recherche scientifique à Madagascar », mai 2013.
Salon de la recherche
Actuellement, les recherches s’orientent plus vers l’employabilité des jeunes, selon Lalarivelo Ravaomanarivo. « L’objectif actuel est que les jeunes puissent mettre à profit les résultats de leurs recherches. C’est pour cela que les étudiants ont dans leur cursus des matières transversales comme la gestion de projet ou l’entrepreneuriat », indique-t-elle. C’est dans ce sens que l’Université d’Antananarivo organise du 22 au 24 septembre le Salon de la recherche au service de l’économie et de l’emploi qui en est actuellement. C’est une occasion pour les chercheurs de montrer les fruits de leur travail. Cette 6ème édition sera virtuelle compte tenu des contraintes sanitaires.
Tolotra Andrianalizah