Facebook a une nouvelle fois frappé. Les réactions des utilisateurs du réseau social ont été pour beaucoup dans le départ ô combien prématuré d'un membre du gouvernement Ntsay III. Focus sur ce nouvel outil de pression citoyenne.
Les utilisateurs de Facebook ne représentent que 10,7% de la population, selon les chiffres de malagasy.tech. Malgré cette pénétration relativement peu élevée, le réseau social a de plus en plus d’influence sur la vie publique comme l’attestent les rebondissements suite au dernier remaniement gouvernemental. Pour le député Fetra Rakotondrasoa, il est normal que Facebook ait autant d’influence sur les décideurs. « Toutes les personnes qui prennent les décisions sont sur Facebook. Elles sont, de ce fait, influencées par ce qu’il s’y dit. Le taux de pénétration ne veut rien dire quand on sait qu’il ne faut pas beaucoup de monde pour renverser le pouvoir », lance l’élu de Miarinarivo. Il ajoute toutefois que la portée de Facebook s’arrête à la limite des grandes villes. « Dans ma localité, je ne me base pas sur Facebook pour prendre des décisions. Les gens n’ont que faire de ce réseau pour le moment. Du moins, ce n’est pas encore comme à Antananarivo par exemple ». Effectivement, le taux de pénétration de Facebook atteint 45% dans la région Analamanga, toujours selon malagasy.tech. Â
Intérêt pour la chose publique
Pour sa part, Tsimihipa Andriamazavarivo qui se définit comme un jeune citoyen engagé, estime que l’influence ne serait qu’apparente. « L’influence serait encore plus grande si le taux de pénétration était plus élevé. Je dirais simplement que Facebook est devenu un moyen pour le citoyen de s'offusquer », estime-t-il. Toutefois, il indique qu’avec l’aspect viral des médias sociaux que n’ont pas les médias traditionnels, les décideurs se doivent de réagir. Cet activiste très en vue dans la société civile ramène néanmoins le débat à la nécessité d'adopter une démarche d'inclusion et d’engagement des citoyens dans le processus de prise de décisions. « Les réactions seraient moins virulentes si les dirigeants prenaient le temps de vraiment consulter les citoyens à travers une posture de dialogue et non d’imposition », explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, nos deux interlocuteurs s’accordent à dire que les réseaux sociaux constituent une tribune pour les citoyens. Fetra Rakotondrasoa parle de la découverte de la liberté d’expression par les Malgaches, soulignant la nécessité de mettre en place une éducation citoyenne pour éviter les dérives souvent clivantes. De son côté, Tsimihipa Andriamazavarivo voit l'intérêt que les citoyens, surtout les jeunes, portent encore à la chose publique, malgré une participation électorale décrépissante. « Oui, les jeunes veulent comprendre la chose publique. Et il n'y a que la transparence et l'accès à l'information qui pourront mener à ça. Si avant, il suffisait de prendre les décisions et mettre les gens devant les faits accomplis, aujourd'hui, nous sommes plus dans le besoin de renseigner et de motiver les décisions sans quoi, on s'expose aux critiques », conclut-il.
Tolotra Andrianalizah