Nouveau, voire inconnu de l’administration, le code de conduite contre le harcèlement commence à faire son apparition dans certaines entreprises à Madagascar.
« Aviez-vous déjà été victime de harcèlement sexuel dans votre travail ? » Une fonctionnaire travaillant dans un ministère répond par la négative. Mais quand on lui demande si elle a déjà entendu des remarques déplacées ou des taquineries, elle répond : « tout le temps ». « J’y pense, il y a même des gars qui ne se gênent pas pour tenir des propos obscènes devant moi. J’entends des choses du genre « tu n’imagines pas ce que je te ferais si on passait la nuit ensemble ». C’est souvent sur le ton de la plaisanterie donc je n’y fais pas attention mais sur le moment ça me dégoute », indique cette mère de famille. En réalité, ce genre de comportement est considéré comme du harcèlement dans les modèles de code de conduite en vigueur dans les organisations qui en ont. C’est pourtant monnaie courante dans l’administration. Les femmes font face à des comportements souvent déplacés de la part de leurs collègues masculins, parfois sans s’en rendre compte. Cela va des petits noms à la drague proprement dit. « Mais rien de bien méchant », dit-on, tellement ces attitudes sont ancrés dans les habitudes.
Visiblement la notion de harcèlement sexuel est méconnue des agents de l’Etat. Les fonctionnaires sont régis par le décret 2003-1158 portant « Code de déontologie de l’Administration et de bonne conduite des agents de l’Etat ». Si ce texte met beaucoup l’accent sur l’intégrité et le professionnalisme, il n’est pas question de harcèlement sexuel.
La CUA pilote
Dans le privé, la prévention du harcèlement sexuel existe mais n’est pas généralisée. C’est souvent les filiales des grands groupes et les grandes entreprises qui travaillent avec des sociétés étrangères qui en font une politique. « Dans l’entreprise où je travaillais, il n’y avait pas de code de conduite. Ce n’est pas le cas maintenant, indique une jeune femme. On sent vraiment la différence. Nous avons même un psy pour nous accompagner en cas de problème ». Un homme qui pour sa part a toujours travaillé dans une entreprise où un code de conduite contre le harcèlement est aussi en vigueur estime que c’est bien dans le sens où le comportement du personnel est cadré. « Malgré cela, des hommes surtout les supérieurs s’autorisent encore des écarts chez nous », déplore-t-il.
La Commune urbaine d’Antananarivo veut faire bouger les choses dans ses rangs. C’est ainsi qu’elle est en train de mettre en place une politique genre où il est question d’un code de conduite qui prévient le harcèlement. C’est la militante Marie Christina Kolo qui pilote le projet. Elle indique faire face à pas mal de résistance. « Il y a une mentalité à changer. Il y a cette idée que ce n’est pas pertinent, que ce n’est pas prioritaire », déclare Marie Christina Kolo qui est conscient que cela ne pas survenir du jour au lendemain. « En tout cas, ils sont vraiment décidé à la Commune de faire d’Antananarivo une ville pilote sur cette question. Pour cela, le personnel de la CUA doit être un exemple ».
Tolotra Andrianalizah