À un peu plus de deux ans d’importantes échéances électorales avec, entre autres, la présidentielle, c’est l’effervescence dans le microcosme politique malgache. Une occasion de parler du rôle des partis politiques dans l’éducation politique des citoyens notamment des jeunes.
Constat implacable. Les jeunes se désintéressent de plus en plus de la vie publique en général. Ce désintérêt est cristallisé par une faible participation aux différentes élections. « L’augmentation des personnes inscrites dans la liste électorale ne se traduit dans le nombre de votants. Cela veut dire que les jeunes ne votent pas », souligne l’activiste Tsimihipa Andriamazavarivo. Le chargé des programmes au sein de la Fondation Friedrich Ebert, John Miandrarivo indique, de son côté, que les citoyens ne saisissent plus l’importance d’aller voter. « Les jeunes ne savent pas l’importance de la participation à la vie publique en général », souligne-t-il. Pour le député Fetra Rakotondrasoa et non moins cadre du parti Freedom, il y a une certaine défiance des jeunes par rapport à la pratique politique à Madagascar. « Il faut le reconnaitre que la politique à Madagascar n’est pas reluisant », résume-t-il.
Education politique
Les partis politiques ont un rôle à jouer dans la sensibilisation des citoyens à participer à la vie publique et politique, comme c’est inscrit dans la loi 2011-012 relative aux partis politiques. C’est notamment à travers les sections jeunes que les partis politiques entendent jouer ce rôle. C’est le cas, entre autres, du parti Freedom avec Young Freedom. « L’éducation politique se fait au sein d’un parti politique, lance Fetra Rakotondrasoa. On y apprend le respect de la hiérarchie, de l’éthique et de la déontologie. Les membres du Young Freedom bénéficient de formations surtout lors des universités d’été ». Le parti ADN pour sa part a son programme Maroy. « Nous faisons de l’éducation politique à travers la responsabilisation citoyenne à la base, explique un responsable du parti, Jimmy Ranitratsilo. On invite les jeunes à prendre leurs responsabilités dans les quartiers. A la fin de la formation les jeunes doivent remettre un mini-projet de développement. Nous en sommes actuellement à notre 4ème promotion. On a sorti 240 jeunes jusqu’ici ». Il estime toutefois que ce qui se fait actuellement en matière d’éducation politique à Madagascar n’est pas suffisant. Dans ce sens il avance une responsabilité sociale des partis politiques. Â
Patriarcal
Le manque d’intérêt des jeunes à la vie politique se traduit également par le faible nombre de jeunes qui s’engage dans la politique proprement dit. « Les jeunes ne trouvent pas d’intérêt à entrer dans un parti. Il y a cette mentalité qui veut que : c’est lorsque j’ai besoin de la politique dans ma vie que je vais me lancer », fait remarquer Fetra Rakotondrasoa. John Miandrarivo souligne, pour sa part, l’importance d’adhérer à un parti politique. « Qui dit faire de la politique c’est faire partie d’un parti politique. Rejoindre des personnes qui partagent les mêmes valeurs, la même idéologie. On ne peut plus se limiter à avoir des opinions », indique-t-il. Il précise toutefois qu’il est difficile pour un jeune de s’imposer dans un parti politique à Madagascar souvent patriarcal, une pratique qui s’est imposé au fil des années. « Même les nouveaux partis ont la tentation de tomber dans ce schéma », poursuit-il. Â
Tolotra Andrianalizah