La hausse des prix des matériaux de construction met à mal les professionnels du bâtiment, surtout les PME.
Le bâtiment en crise. « J’envisage de changer de métier », lance une entrepreneure dans le bâtiment à Toamasina, sur le ton de la plaisanterie. Le rire, visiblement, elle n’a plus que cela pour faire passer la pilule car sur le terrain, l’heure n’est plus à la plaisanterie avec la flambée actuelle des prix des matériaux de construction. « Le ciment proposé à 20.500 ariary coûte actuellement 32.000 », fait-elle savoir. D’après notre interlocutrice, les prix ont nettement augmenté depuis le mois de mai et la hausse touche pratiquement tous les produits. « Le fer 6 s’achète actuellement à 10.500 ariary contre 6.000 ariary avant, par exemple. C’est invivable », poursuit-elle. Elle indique que le plus dur pour elle a été d’honorer les contrats dont les devis ont été envoyés avant la hausse. « Je sors de deux chantiers où j’ai travaillé à perte », souligne-t-elle.Â
30%
Une autre professionnelle du secteur mais, cette fois, à Antananarivo indique que la hausse est de l’ordre de 30%. Elle confirme que la situation est problématique pour les chantiers qui sont en cours. « Les travaux qui sont engagés depuis 3-4 mois peuvent présenter une fluctuation des couts qui varie de 20 à 30%. Je connais une entreprise qui, arrivée à 60% du projet, n’a plus d’argent pour terminer. Il y en a beaucoup qui ne pourront pas finir leur chantier », déclare-t-elle. Par ailleurs, elle ajoute qu’il sera difficile pour les entreprises d’avoir des contrats avec cette hausse. « Les clients vont dire que c’est trop cher. Ce n’est même pas la peine », lance-t-elle. L’entrepreneure de Toamasina confirme. « Cela fait deux mois que je n’ai pas eu de nouveau contrat ».
La hausse des prix des matériaux de construction est mondiale. Toutes les régions du monde sont concernées. Les analyses pointent du doigt les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, dues à la pandémie. Cela a entraîné des pénuries et par conséquent, des hausses de prix. Les prix pourraient rester élevés jusqu’à l’année prochaine.
Tolotra Andrianalizah