Le premier mérite de la question de l’installation des lignes de téléphériques à Antananarivo aura été qu’elle braque les projecteurs sur les défaillances du transport public dans la capitale. Une question longtemps ignorée mais qui fait pourtant souffrir des milliers de personnes vivant ou travaillant à Antananarivo.
Mêmes scènes tous les jours au niveau des arrêts de bus aux heures de pointe à Antananarivo. Des files interminables au niveau des terminus. Des mêlées dantesques dans les arrêts intermédiaires. Aller au travail ou à l’école le matin et rentrer le soir sont des moments particulièrement stressants pour des milliers de tananariviens. Des tananariviens qui sont pourtant contraints de prendre les transports en commun tous les jours. Stoïques et fatalistes, ils semblent s’être résignés à leur sort en attendant d’avoir leur propre voiture ou leur propre moto. En effet, bien que les lacunes évidentes des transports en commun ne datent pas d’hier, les associations de consommateurs semblent ignorer la question. Elles se sont pourtant manifestées lorsque le prix du riz a augmenté mais restent étrangement silencieuses devant ce problème. Â
Service public
Les arrêts intermédiaires mettent également au challenge le civisme des citadins. Généralement, tout le monde est à la même enseigne, que ce soit les vieilles dames ou les femmes enceintes. Il existe toutefois de bons samaritains ici et là , aussi bien chez les passagers que les receveurs de bus. Mais ils sont rares. Certaines lignes essaient toutefois d’inculquer la règle de la file même au niveau des arrêts intermédiaires comme les autobus de la ligne 194.
D’un autre côté, les transporteurs ne se rendent visiblement pas compte de l’importance de leur activité dans la vie des gens mais surtout du caractère public de leur service. Cela se vérifie lorsque des taxibe d’Itaosy continuent de ne pas rallier leur terminus à Analakely, et ce, même en pleines heures de pointe le soir. « Il m’arrive de passer plus d’une heure dans la file à Analakely. Il peut se passer plus de 20 minutes sans qu’un bus ne passe alors que la file ne cesse de s’allonger », se plaint une jeune femme.
Cités dortoirs
Au cours des dernières décennies, la population qui gravite autour d’Antananarivo n’a cessé de grandir. De plus en plus de Tananariviens habitent les communes aux alentours de l’agglomération, devenues de véritables cités dortoirs. A l’image des déboires que vivent les habitants d’Itaosy, le déplacement de ces personnes constituent un véritable parcours du combattant. Outre les embouteillages monstres qui rythment les sorties de la capitale, ces personnes subissent de plein fouet les défaillances des transports en commun. Le cas des habitants d’Ambohidratrimo en est un autre exemple poignant. Le nombre de taxibe n’arrive plus à suivre le flux des usagers. Pour apporter une solution au problème, l’Agence des transports terrestres a émis une autorisation spéciale à une quatorzaine de navettes depuis le 20 septembre. Ces voitures feront la navette d’Ambohidratrimo à Antananarivo de 6h30 à 9h30 le matin et d’Antananarivo à Ambohidratrimo le soir de 16h à 18h30.
Tolotra Andrianalizah