Dans un pays où rien ne se jette, tout se rafistole, les mécaniciens sont particulièrement sollicités. Focus sur ces petites mains de la mécanique qui, pour la plupart, ont appris sur le tas avec l’aide d’un mentor.
Il est 7h. Thierry quitte sa maison. Il vient de recevoir un appel. Un de ses clients a besoin de lui pour un moteur en surchauffe. Thierry, dans la quarantaine, est mécanicien depuis une quinzaine d’années. Comme un bon nombre de ses pairs, il n’a suivi aucune formation formelle en mécanique. Cela ne l’a pas empêché de se faire un nom, du moins auprès de ses clients. « Je fais tout ce qui est moteur et trains », explique-t-il. C’est auprès d’un mécanicien du côté d’Amboditsiry qu’il a appris le métier. « Je me souviens qu’à l’époque, je ne savais même pas tenir une clé. C’est ce monsieur qui m’a tout appris », raconte-t-il.
Pour beaucoup de mécaniciens à Madagascar, l’apprentissage s’est fait à travers le mentorat. Hery, 25 ans, en est un autre exemple. Il évolue depuis ses 18 ans auprès d’un autre mécanicien reconnu du côté d’Ankorondrano, Sely. « J’ai pensé passer mon baccalauréat technique mais j’ai finalement décidé de travailler. C’est là que j’ai intégré l’équipe de « Ra-maître » (le maître). Je me suis rapidement adapté », déclare-t-il non sans fierté.
Ra-maître
Des mains supplémentaires, Sely en a besoin avec le nombre de voitures qui transitent sur son aire de garage improvisé à Ankorondrano. Il dispatche les tâches entre ses collègues et les jeunes qui travaillent avec lui. C’est comme cela que Hery a appris. « C’est très pratique. Tu apprends vraiment sur le tas. Puis Sely est toujours derrière toi pour contrôler et conseiller », explique-t-il.
Tiana, spécialisé dans la réparation de radiateur, a appris les techniques du métier auprès d’un membre de sa famille. « C’était en 1998. On voulait quitter notre village pour la ville. C’est là que j’ai atterri chez un oncle qui réparait les radiateurs », raconte-t-il. Puis il a démarré son affaire avec un associé en investissant dans les équipements. Aujourd’hui, il a son atelier du côté d’Andranobevava.
Avec un parc automobile dominé par les véhicules d’occasion et un pouvoir d’achat limité, les petites mains de la mécanique ont de beaux jours devant elles. Il faut savoir que la renommée de certains de ces mécaniciens leur permet d’avoir parmi leur clientèle des personnes importantes. « Il est important d’être sérieux dans son travail », résume Thierry.
Tolotra Andrianalizah