Le nombre de cas de maltraitance d’enfants enregistrés par la ligne verte 147 en août dernier a doublé, selon l’inspecteur principal de police du service central de la Police des mœurs et de la protection des mineurs (PMPM) et également superviseur des policiers sur la ligne verte 147, Clément Rajaonarisoa.
Outre la hausse de cas de détournements de mineurs et de violence morale sur les enfants, 16 appels pour signaler des cas de viol sur des enfants et 10 appels pour savoir que faire en cas de coups et blessures sur un enfant, en août dernier, ont été enregistrés par les responsables de la ligne verte 147. Les chiffres étant inhabituels, Clément Rajaonarisoa de souligner que la violence sur les enfants s’est accrue si auparavant, les appels étaient recensés à environ 40 cas réels par mois dans tout Madagascar, en août dernier, ils sont passés au nombre de 84. Selon lui, depuis le confinement, le fait que les enfants n'aient pas pu rejoindre les bancs de l’école, pour eux, les chances d’être exposés à différents dangers, étant souvent sans surveillance des parents, le voisinage aurait pu contribuer à déclencher cela.
Face aux cas de mariages précoce, qui sont également à la hausse, Clément Rajaonarisoa d’attirer l’attention sur le fait que les papiers administratifs pour les mineurs ne peuvent leur être délivrés sans accord du procureur général, notamment en milieu urbain. Cependant, dans certaines zones reculées où les coutumes permettent aux beaux-parents de réserver les enfants dès leur plus jeune âge, la pauvreté déclenche chez eux un système de sorte à ce que la main de leurs enfants soit monnayée. En milieu rural, la tendance actuelle est de favoriser le mariage précoce même pour des enfants non encore en âge de se marier et encore moins de procréer.
Le numéro vert
Le 147 est un numéro vert gratuit pour signaler des cas de maltraitance des enfants mais aussi dans les ménages. Les responsables y donnent un accompagnement psychologique et des conseils à leurs interlocuteurs, qu’ils soient victimes ou à la recherche de démarches administratives à suivre par rapport à leur situation.
En cas de maltraitance d’enfant à proximité, la population peut appeler la ligne verte 147 pour signaler ce qui se passe. Selon la gravité de la situation, les responsables de la ligne verte 147 peuvent, d’une part, conseiller aux victimes de consulter un médecin pour que la victime soit auscultée et reçoive des soins médicaux appropriés selon la gravité de son état et aussi d’avoir un certificat médical afin de constituer des preuves irréfutables, le cas échéant. D’autre part, il arrive que les interlocuteurs soient directement orientés vers les forces de l’ordre les plus proches de la localité où ils se situent, ou encore vers le tribunal.Â
Chaque appel est enregistré de façon systématique dans un serveur. Cela permet à l’équipe de la ligne verte 147 d’effectuer le suivi des cas. Comme les numéros de téléphone et des conversations se font enregistrer automatiquement, il leur est plus facile de retracer des cas et de demander aux concernés où ils en sont, s’ils ont rencontré des difficultés dans leurs démarches ou si le problème est résolu.
En outre, un RPE ou réseau de protection des enfants a été mis en place dans toutes les 23 régions de Madagascar, toujours selon Clément Rajaonarisoa. Il se compose de forces de l’ordre, d’agents administratifs, d’enseignants, de chefs fokotany avec lesquels l’équipe de la ligne verte 147 est en contact pour faciliter signalisation, enquêtes et démarches.
Pour rappel, détournements de mineurs, violences morales sous forme d’agressions verbales, d’insultes et de menaces, sont également des formes de maltraitance sur les enfants.
Linda Karine