Le virus de la corruption a amplifié celui de la COVID-19. C’est que révèle le dernier rapport obtenu par le Transparency International Initiative Madagascar portant sur l’impact de la corruption dans le domaine de la santé, le 25 septembre dernier.
La pandémie de COVID -19 a accentué la défaillance du système de santé à Madagascar, auparavant déjà présente, par une forte corruption et une remise en question du droit à la santé, notamment en pleine pandémie. Sur 3.302 individus issus des 6 chefs-lieux de province de Madagascar, 65 % des patients enquêtés par l’équipe de TI-MG ont confirmé avoir été victimes de diverses formes de corruption afin de jouir de leurs droits à la santé, lors de leur étude réalisée en 2019, dans le cadre du projet « Tsaboy ny Gasy ». Â
Selon Riana, mère de 3 enfants, « sans argent, le corps médical manifeste un faible intérêt aux patients, sans compter le délit de faciès ». Elle de souligner que l’apparence compterait plus que l’urgence médicale, dans les couloirs de certains hôpitaux. Elle confirme l’avoir vécu lorsque son petit dernier était en détresse respiratoire et qu’elle a directement accouru dans un hôpital, dont elle souhaite préserver l’anonymat.
D’après cette mère de famille, même avec une prise en charge, les pots-de-vin sont nécessaires pour un « meilleur suivi ». Ce que ce rapport dénonce également car « les premières conditions d’accès aux soins seraient d’avoir de l’argent pour 77% des personnes interrogées… Même pour ceux qui bénéficient de la couverture sociale de l’Etat, il faut assurément « préparer » de l’argent, i.e. se constituer une réserve, avant d’entamer le parcours des soins ».
Equité
« La santé pour tous » reste un défi majeur dans le domaine de la Santé Publique à Madagascar. L’équité renvoie à une chimère car toujours selon le rapport, « 8% des individus ont une couverture sanitaire et 41% de la dépense totale de santé pèsent sur les ménages, les barrières financières aux soins médicaux restent importantes ».
En parallèle à la riposte pour lutter contre la COVID-19, dans certains centres, les soins gratuits annoncés n’ont pas été le cas, l’organisation logistique a fait défaut, un décalage entre les approvisionnements/services/nombre de médecins entre les centres de santé s’est fait remarquer.
Cependant, malgré les incidences que cela a pu avoir sur l’accès à la santé pour tous et la reconnaissance que la corruption a régné en maître, la peur de revendiquer les droits par souci de ne pas être pris en charge correctement et d’augmenter ses chances de mourir a été plus forte que la peur du virus de la corruption en lui-même, sans compter le « henamaso » ou la peur de dénoncer.
Par ailleurs, il semblerait que la majorité des sujets enquêtés se soient plus retrouvés en position de victimes de corruption plutôt que de corrupteurs. Cela leur a permis de bénéficier d’un meilleur accueil et aussi de soins et services du corps médical, sans oublier de perdre leur temps dans de longues queues interminables.
Pour rappel, l’objectif de « Tsaboy ny gasy » est d’assurer « une garantie de la jouissance par les citoyens de leurs droits sociaux et économiques, particulièrement, en luttant contre la corruption dans le domaine de la santé à Madagascar ». Pour plus de chances d'y arriver, TI-MG a mis en place des Centres d’Assistance Juridique et d’Action Citoyenne (CAJAC) ont été mis en place, dans la capitale, à Mahajanga, à Fianarantsoa, à Toamasina, à Toliara, à Antsiranana et à Taolagnaro, afin d’orienter les victimes de corruption.