Le Rary Aro Boot Camp, le premier du nom, touche à sa fin. Ce sont plus de 90 jeunes sensibilisés aux Droits de l’Homme qui sont relâchés dans la nature pour apporter leur contribution à la lutte.
Développer leur potentiel. Pendant cinq jours, plus de 90 jeunes ont été sélectionnés pour participer au Rary Aro Boot Camp à l’Institut national de la Jeunesse à Carion. Au menu, des formations intensives sur les Droits de l’Homme mais également sur les techniques de plaidoyer et de communication et aussi sur les mécanismes de dénonciation entre autres. « On est très heureux d’avoir pu organiser ce camp qui a réuni un peu moins d’une centaine de personnes. Des formateurs, des personnes issues de différentes associations, des jeunes défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des étudiants », indique la responsable de la communication chez l’Unesco Jay Ralitera. « Il y a plusieurs choses qui ont été produites durant le camp. Il y a eu des plaidoyers qui ont été mis en place par les jeunes mais aussi des volontés de se mettre en réseau, de créer, de renforcer les associations et de renforcer tout ce qui va être stratégie de communication pour faire le plaidoyer sur les Droits de l’Homme. On est assez content que tout cela se mette en place".
A point nommé
Satisfaction également chez les participants qui ont vu leurs attentes atteintes. « On a eu des connaissances théoriques sur les Droits de l’Homme mais il y avait aussi un côté extrêmement pratique. On a appris comment militer efficacement en étant en sécurité, où aller lorsqu’on doit rapporter une violation des Droits de l’Homme, … », confie Niaina dit « Rany », un participant visiblement ravi. Ce jeune membre d’une association qui agit contre toutes les formes de discrimination et de harcèlement en milieu scolaire indique que les militants n’ont pas forcément les compétences pour mener des actions concrètes. Même réaction du côté de Mitantsoa, une étudiante en droit public qui affirme être passionnée par les Droits de l’Homme depuis longtemps. « C’était très enrichissant humainement et intellectuellement. Il y a eu des intervenants dans plusieurs domaines qui ont partagé de nouvelles choses pour moi. J’ai découvert des perceptions différentes mais surtout des savoirs. Beaucoup de savoirs », lance-t-elle. La participation féminine était remarquable durant ce camp. Largement plus de la moitié. « On est assez content que les jeunes femmes malgaches s’intéressent à ces questions de façon aussi intense. Pour nous c’est très positif pour la suite », déclare d’ailleurs Jay Ralitera. Haga, un membre d’une autre association qui lutte contre la discrimination, regrette toutefois le manque de temps. « J’ai intégré le boot camp parce que qu’il n’y a pas assez de formation en rapport à l’activisme. Nous avons suivi une formation accélérée et intense. Le temps a manqué. Il y a d’autres outils qu’on aurait aimé avoir », indique-t-il.
Un mouvement est né
Avec l’aboutissement du Rary Aro Boot Camp, il semble qu’un mouvement est définitivement lancé. Outre l’organisation d’autres camps de ce genre dans 9 autres grandes villes de Madagascar d’ici 2022, Jay Ralitera indique que la prochaine étape est la constitution de comités de paix. « A la fin de chaque camp, on demandera à chaque jeune qui le souhaite de constituer un comité de paix dans sa ville », explique-t-elle. Il s’agit d’une association qui regroupe des associations de jeunes qui défendent les droits de l’Homme. Ces jeunes seront liés aux forces de sécurité et aux « raiamandreny » avec pour objectif de remonter les violations de Droits de l’Homme dont ils auraient été témoins auprès des observatoires régionaux et nationaux. Il est également question de la mise en place d’une stratégie de communication sur le plaidoyer pour les Droits de l’Homme au niveau local à travers ces jeunes. L’idée est d’aboutir à une stratégie nationale avec des associations organisées en réseau « pour voir comment chacun peut devenir une pièce dans la machine pour promouvoir les Droits de l’Homme ».
Rary Aro Heroes
Mitantsoa, particulièrement sensible aux problèmes liés à l’environnement, indique vouloir poursuivre l’aventure. « Déjà je pense partager ce que j’ai reçu ici dans mon association. On verra ensuite quand on planifiera le comité de paix mais je compte être plus active », déclare-t-elle. Pour sa part, Haga se dit confiant quant à la suite. « Il n’y a pas encore assez de jeunes réellement engagés dans le pays. Mais en voyant les participants au Boot Camp, je m’autorise à penser que cela va évoluer dans le bon sens », estime-t-il. Même discours chez Rany qui confie avoir toujours eu la fibre du militantisme. « Au sein du Boot Camp, j’ai découvert des alliés. Le feu est là mais en venant ici on arrive à un brasier. On a envie de changer le monde et c’est bien de savoir qu’il y a des gens à tes côtés qui sont prêts à le faire aussi », lance-t-il.
Brasier ou feu de paille ? Wait and see. En tout cas l’engagement de ces Rary Aro Heroes et des autres qui devraient suivre n’est pas de trop sur le front de la lutte pour les Droits de l’Homme à Madagascar où les violations sont légion.Â
Tolotra Andrianalizah