Les questions autour du sujet ô combien tabou de l’avortement ont toujours accouché de débats passionnés partout où elles passent, même dans les pays réputés progressistes. Passé sous silence au Parlement en 2017, le sujet revient dans les discussions à Madagascar.
L’interruption volontaire de la grossesse (IVG) est considérée comme un droit dans plusieurs pays occidentaux. Si la norme est plus à l’interdiction en Afrique, le Bénin a sauté le pas la semaine dernière, rejoignant quatre autres pays du continent, la Tunisie en 1973, l’Afrique du Sud et le Cap-Vert en 1997 et le Mozambique en 2014. Pour l’heure, l’IVG est strictement interdit dans six pays. Madagascar en fait partie avec la République démocratique du Congo, le Sénégal, la Sierra Leone, la Mauritanie et l’Egypte. Des allègements sont observés dans les autres pays avec l’autorisation de l’avortement si la vie de la mère est en danger ou en cas de viol ou d’inceste. Certains l’autorisent même en cas de malformation du fœtus. Les interruptions de grossesse se font ainsi dans la clandestinité, le plus souvent dans un cadre non sécurisé. L’OMS indique que 3 avortements sur 4 pratiqués en Afrique et en Amérique latine n’étaient pas sécurisés entre 2010 et 2014. Dans ces cas, le risque de décéder pour les femmes est plus élevé en Afrique.
Article 317
La députée Masy Goulamaly a relancé le débat à Madagascar en proposant des modifications à l’article 317 du Code pénal. La proposition de loi présentée par l’élue de Tsihombe veut entre autre que l’interruption de la grossesse soit autorisée pour motif médical afin de « sauver la vie de la femme si elle est menacée par sa grossesse ou si le fœtus présente des risques de malformations graves dans le cas d’une interruption médicale de la grossesse ». Les pathologies reconnues sont énumérées dans le texte qui ouvre également la porte à l’interruption de grossesse en cas de viol ou d’inceste.
Il n’en fallait pas tant pour diviser la société malgache avec des extrêmes de part et d’autres. D’un côté, il y a les propos progressistes qui en demandent plus avec la légalisation tout bonnement de l’IVG et de l’autre, des voix résolument conservatrices qui voient justement dans l’ « interruption thérapeutique de la grossesse » une porte ouverte à l’avortement. Il en résulte des débats passionnés et enflammés sur les réseaux sociaux et parfois en dehors.
Silence radio
Pour rappel l’ITG était inscrit dans le projet de loi sur le planning familial en 2017 mais en a été supprimer sans ménagement par les parlementaires pour des raisons culturelles et religieuses essentiellement. Rebelote donc avec cette proposition de Masy Goulamaly. Le texte est actuellement entre les mains du gouvernement. Ce n’est qu’après qu’il sera débattu auprès du Parlement. Pour l’heure, aucun membre de l’exécutif ne s’est aventuré à prendre officiellement position sur la question.
Tolotra Andrianalizah