Une situation de dépendance est-elle un terrain favorable aux violences exercées sur les femmes ? Un projet vise à autonomiser les femmes justement pour qu’elles s’écartent de cette situation de dépendance.
« J’ai décidé de ne plus dépendre de personne ». Voilà ce qu’a déclaré l’une des bénéficiaires d’une formation destinée à des femmes survivantes de violences basées sur le genre. « Je me suis faite tabasser par le fils de mon mari », raconte-t-elle visiblement émue. « Cela m’a fait prendre conscience que je dois prendre ma vie en main. C’est pour cela que je me suis inscrite à la formation », ajoute-t-elle, fermement accrochée à son attestation.
Une soixantaine de femmes qui ont subi des violences ont bénéficié de formation visant à les autonomiser socialement et économiquement. Il s’agit d’une initiative du ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme et du ministère de la l’Enseignement technique et de la formation professionnelle dans le cadre d’un projet financé par le Japon et avec l’appui du FNUAP. La cérémonie de remise des attestations et des kits de démarrage s’est déroulée hier à Ampefiloha. C’est au niveau des centres spécialisés au VBG que la sélection des bénéficiaires a été effectuée. Notre interlocutrice s’est rendue au centre de Mahamasina sur le conseil de son entourage. « Les gens au sein du centre ont enquêté sur mon cas. Ils ont ensuite aidé à régler le problème à l’amiable. Il est difficile de porter plainte vu que c’est quelqu’un de la maison », raconte cette habitante d’Ankaditoha qui fait remarquer que les violences faites aux femmes sont monnaie courante.
Silence, on cogne
Toutes les victimes ne se font cependant pas aider. Certaines refusent même les mains tendues et se murent dans le silence. « Il y a beaucoup de femmes dans mon quartier qui subissent des violences et qui ne font rien », indique une autre bénéficiaire qui habite Mahazoarivo. « Elles préfèrent subir leur sort à cause des on-dit. J’ai connu la violence une fois mais c’était déjà la fois de trop. J’ai mes droits, je ne peux accepter qu’un homme me violente », lance-t-elle. Outre les formations proprement dite, les femmes ont également appris comment aider les autres victimes à faire face aux VBG.
Le projet estime que le fait que les femmes aient une source de revenu et une meilleure compréhension de la violence a des répercussions majeures sur le développement parce qu’elles ont la possibilité de s’écarter d’une situation de dépendance et de contribuer aux dépenses du ménages. Concrètement, les femmes ont bénéficié de renforcements en matière de coupe et couture, de pâtisserie et cuisine et de fabrication de matériels. Les kits de démarrage leur permettent de lancer une activité génératrice de revenus. Le projet s’est également adressé à des personnes en situation de handicap.
Tolotra Andrinalizah